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Elections législatives en République centrafricaine : un "simulacre" pour l'opposition

Le 14 mars prochain doit se dérouler le second tour des législatives en Centrafrique. Une consultation rejetée par l'opposition dans un pays plus que jamais hors de contrôle. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président de la République centrafricaine Faustin Archange Touadera vote à Bangui entouré de ses gardes, lors du premier tour des élections législatives le 27 décembre 2020. (ALEXIS HUGUET / AFP)

Mardi 2 mars 2021, des coups de feu secouent le quartier de Ramandji à Bangui. L'échange de tirs va durer près d'une heure. Au final, l'hôpital de Médecins sans frontières (MSF) va accueillir douze blessés, dont un décèdera de ses blessures. Le bilan de ces affrontements varie selon les sources. Certaines avancent le nombre de dix morts.

A l'origine, l'affrontement serait dû à la tentative d'arrestation du chef d'une milice d'auto-défense, par la garde présidentielle. Sur les réseaux sociaux, certains affirment qu'il s'agit d'une descente des "requins", un groupe armé pro-régime officiellement dissous en juillet 2020, qui rassemble des éléments de la garde présidentielle ainsi que des ex-combattants, et dont l'activité est pour le moins obscure. Selon le site CNC, l'opération échoue face à la résistance de jeunes combattants "lourdement armés" de la milice locale. Le ministre de la Sécurité publique, le général Henri Wanzet Linguissara, s'est rendu sur place, mais n'a pas non plus obtenu la reddition du chef de la milice.

Un pays hors de contrôle

Un événement de plus qui illustre le contexte d'extrême tension qui règne en Centrafrique. Certes, l'offensive lancée en janvier dernier par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) a pour l'heure échoué. Ce n'est pas pour autant que la paix s'est installée. Les autorités de Bangui ne contrôlent en fait qu'un tiers du territoire. Malgré les annonces, le blocus des routes est toujours d'actualité. Un millier de camions sont encore en attente à la frontière camerounaise.

Dans ce contexte, le second tour des élections législatives, prévu le 14 mars, relève du jeu d'ombres. En suivant coûte que coûte un calendrier institutionnel prescrit par les Nations unies, le régime du président Faustin Archange Touadéra veut assurer sa légitimité.

(Arrivée à Bangui de la seconde partie du matériel électoral sensible pour les législatives. Le matériel a été remis aux membres de l'Autorité nationale des élections en présence des représentants de la Minusca et du PNUD)


Le pays est "en passe de conclure avec succès un transfert démocratique de pouvoir dans les délais constitutionnels, ce qui est une réalisation majeure", a déclaré le Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix.

118 sièges à pourvoir

Un satisfecit rejeté par l'opposition qui boycotte les élections. Dénonçant "un simulacre", elle a annoncé "se retirer entièrement du calamiteux processus". Que penser également d'un scrutin qui n'a pas pu se dérouler dans 58 des 140 circonscriptions en raison des risques sécuritaires ? Une élection qui sera sans doute, une fois encore dénoncée, et qui ne résoudra en rien la situation du pays.

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