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Centrafrique : cinq ONG interpellent sur le chaos qui menace la population, livrée à elle-même

Alors qu’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, doit se rendre mardi 24 octobre en Centrafrique, cinq associations humanitaires alertent sur le chaos qui règne dans le pays, livré à la famine et à la violence.

Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
En Centrafrique, 188e pays sur 188 en termes de développement humain, 80% du territoire est livré à lui-même. (MARCO LONGARI / AFP)

Médecins du monde, Action contre la Faim, Acted, Solidarités International et Première urgence Internationale ont décidé de se faire entendre alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres doit se rendre mardi 24 octobre en Centrafrique. Il s'agit d'alerter sur la situation dramatique qui s'est installée depuis plusieurs années dans ce pays au coeur de l'Afrique, ravagé par les guérillas, les milices, un pouvoir faible, la malnutrition, les épidémies, et la pauvreté.  

La population est livrée à elle-même

En Centrafrique, 188e pays sur 188 en termes de développement humain, 80% du territoire est livré à lui-même, échappant au pouvoir central, impuissant. "Un Centrafricain sur deux dépend de l’aide humanitaire pour vivre, détaille Isabelle Robin, de l’association Action contre la faim. La moitié des Centrafricains souffrent de la faim, beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à des soins de santé, quand d’autres sont traumatisés par les violences et les déplacements qu’ils ont vécu." "La situation est catastrophique", conclut l’humanitaire.

La Centrafrique compte 4,5 millions d’habitants, dont 1 100 000 déplacés, à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins. Intimidations, rackets, assassinat : si les ONG pouvaient, jusqu’ici, encore travailler, elles sont aujourd’hui empêchées dans leur travail, voire contraintes de quitter certaines zones à cause des petits gangs locaux qui sèment la terreur. "Quand les humanitaires doivent quitter un endroit, les populations sur place n’ont plus accès aux ressources qu’ils pourvoyaient, déplore Hélène Camus, de l’association Acted, qui répond aux besoins humanitaires des personnes en situation de crise. Le fait que nous devions partir fait qu’il y a des gens qui se retrouvent dans des situations de besoins de santé, d’eau, de nutrition, avec personne pour les aider."

Faute de mandat clair, la Minusca sème le trouble

Les ONG devraient pouvoir faire leur travail. Au moins sur le papier : en Centrafrique, l’ONU a déployé ses soldats de la paix au sein de la force de la Minusca, la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique. Outre les affaires d'abus sexuels commis par des casques bleus dans le pays, on reproche à la Minusca d’être partie prenante, dans certains cas, et de mélanger maintien de la paix et aide humanitaire, laquelle sème le trouble dans la population.

"Il y a une vraie complexité pour bien faire comprendre aux populations que l’humanitaire n’est pas partie au conflit, regrette Hélène Quéau, de l’ONG Première urgence international. Il s’agit pour nous que soit clarifié le mandat de la Minusca pour que la protection des civils en soit au cœur." Il s’agit donc de clarifier la mission de l’ONU, mais aussi de mobiliser les autres pays, y compris la France : à cet égard, l’attention du Quai d’Orsay a été plusieurs fois attirée par des ONG françaises pour que toute la communauté internationale se mobilise pour éviter le pire en Centrafrique.

Et, aussi, pour que le cœur de la mission des ONG dans ce pays puisse encore continuer à battre : "Nous sommes des acteurs humanitaires, neutres, impartiaux, rappelle Maryline Cittadini, de Solidarités internationale. Pour parvenir à délivrer une assistance humanitaire, nous avons besoin du concours et de la bienveillance de tous."

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