Le Drian annonce l'envoi d'un millier de soldats français en Centrafrique
Le ministre de la Défense a annoncé sur Europe 1 que les militaires interviendraient pendant "environ six mois".
"De l'ordre d'un millier" de soldats français vont être envoyés en Centrafrique pour environ six mois. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l'a annoncé lundi 25 novembre sur Europe 1.
La veille, la France a soumis à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution visant à renforcer la force panafricaine, la Misca, présente en République centrafricaine (RCA).
Objectif : rétablir la sécurité dans ce pays de 5 millions d'habitants qui a sombré dans la violence et le chaos depuis que les rebelles de la Séléka ont évincé le président François Bozizé, en mars. Face à cette situation, la France avait déjà annoncé son intention "d'augmenter sensiblement" son contingent.
Combien de soldats pourrait envoyer la France ?
Jean-Yves Le Drian évoque 1 000 soldats supplémentaires. Dans la soirée de lundi, le Premier ministre centrafricain avait quant à lui annoncé que la France devrait envoyer environ 800 soldats.
A l'issue d'un entretien avec le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius, Nicolas Tiangaye avait précisé que les forces françaises présentes en RCA, au sein de la Misca, devraient passer de 450 à plus de 1 200. Ce chiffre pourrait donc être un peu plus élevé, autour de 1 400 hommes.
La France serait-elle seule à intervenir ?
"La France appuiera cette mission africaine, de l'ordre d'un millier de soldats", a déclaré Jean-Yves Le Drian sur Europe 1. "Nous le ferons en appui et non pas en entrée en premier, comme nous avons pu le faire pour le Mali, et pour une période brève, de l'ordre de six mois à peu près." Les pays africains ont d'ores et déjà contribué à hauteur de quelque 2 500 soldats.
Paris a soumis lundi soir à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution visant à renforcer la Misca, avec la perspective éventuelle de la transformer en force de l'ONU de maintien de la paix. Ce texte demande à l'ONU de mettre en place un fonds, alimenté par des contributions des Etats membres, pour financer la mission internationale. Et elle invite les Etats membres à "contribuer généreusement et rapidement" à ce fonds. Avec de l'argent, mais aussi des troupes. La Misca doit compter 3 600 hommes, mais elle peine actuellement à atteindre cet effectif et manque de moyens.
Avec quelle mission ?
Si la résolution vise à renforcer la force panafricaine présente en Centrafrique, elle évoque la perspective éventuelle de la transformer en force de l'ONU de maintien de la paix. Ainsi, dans un premier rapport examiné lundi par les 15 membres du Conseil, Ban Ki-moon avait évoqué l'envoi de 6 000 à 9 000 Casques bleus pour sécuriser le pays.
Le vice-secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a déclaré que Ban Ki-moon "donnait la priorité à une opération de maintien de la paix" et que les membres du Conseil avaient souligné "de manière assez unie" la nécessité de déployer des Casques bleus en RCA.
Quand devraient être envoyés ces renforts ?
Le chef du gouvernement centrafricain avance, de son côté, que les forces françaises supplémentaires devraient être déployées "vers la mi-décembre, après le vote d'une résolution au Conseil de sécurité".
Selon Gérard Araud, cette résolution, qui "autorise les forces françaises" présentes en Centrafrique à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca", pourrait être adoptée la semaine prochaine. Placée sous le chapitre 7 de la Charte de l'ONU, qui prévoit le recours à la force, elle autorise la Misca à se déployer "pour une période initiale de six mois" afin de tenter de rétablir la sécurité et de protéger les civils. Elle "demande au secrétaire général de l'ONU [Ban Ki-moon] de faire rapport au Conseil dans un délai ne dépassant pas trois mois (...)."
Pourquoi le Conseil de sécurité veut-il agir vite ?
Devant le Conseil, Jan Eliasson a réclamé une "action rapide et décisive" afin "d'éviter que la crise échappe à tout contrôle". Le vice-secrétaire général de l'ONU a agité le spectre d'un "conflit religieux et ethnique", entre chrétiens et musulmans, qui pourrait mener à des "atrocités généralisées". La RCA risque aussi de "devenir un vivier pour les extrémistes et les groupes armés", selon lui.
Aussi, ce projet de résolution instaure également un embargo sur les livraisons d'armes à destination de la RCA "pour une période initiale d'un an", à l'exception du matériel militaire destiné à la Misca et aux soldats français. Elle réclame "l'application rapide des accords de transition" en Centrafrique, qui prévoient notamment des élections libres et équitables.
Quelle est la situation sur place ?
"Une situation extrêmement préoccupante, dangereuse, dramatique même", selon les mots du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en déplacement vendredi à Libreville, au Gabon. La Centrafrique s'enfonce dans le chaos depuis un coup d'Etat mené, en mars dernier, par la coalition rebelle de la Séléka, issue de la minorité musulmane, qui a renversé le président au pouvoir, François Bozizé.
Composée de 80% de chrétiens et d'une minorité de musulmans, la Centrafrique vit désormais au rythme d'affrontements entre les deux communautés religieuses, entre groupes "d'autodéfense" et ex-rebelles de la Séléka, en plus d'une forte poussée du banditisme à Bangui, la capitale.
Vendredi, l'Union européenne a de nouveau exprimé sa forte inquiétude face à la situation en Centrafrique, s'alarmant notamment des"violations généralisées des droits de l'homme qui se produisent en toute impunité". Ce même jour, un haut-responsable de l'ONU, a dénoncé la spirale de la violence dans ce pays, estimant que près de 6 000 enfants ont été enrôlés dans des milices.
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