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Burundi : le gouvernement accuse les journalistes d’organiser les manifestations
Le gouvernement burundais affirme que tout est en ordre. Et les manifestations de protestation dans la capitale ? «Ce sont les journalistes, notamment les envoyés spéciaux et les correspondants qui les organisent». Sur le terrain, le médiateur onusien baisse les bras et le régime maintient les élections municipales et législatives pour fin juin et la présidentielle le 15 juillet.
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C’est la faute des journalistes. «Il n'y a plus de manifestations à Bujumbura ou à l'intérieur du pays. Ce qu'on observe sur le terrain, c'est un mouvement de certains journalistes, surtout ceux dépêchés par les médias internationaux, qui recherchent et organisent des groupes de gens», a déclaré le porte-parole adjoint du ministère de la Sécurité publique, Pierre Nkurikiye. Pour quoi faire et comment ? Ces journalistes «leur demandent de chanter, d'exhiber des pancartes. Ces derniers s'exécutent et ces journalistes prennent des images qu'ils diffusent par la suite auprès de certains médias internationaux et sur Internet et commentent qu'il y a eu des manifestations au Burundi.»
Bujumbura a été depuis le 26 avril 2015 le théâtre de manifestations quotidiennes sévèrement réprimées, parfois à balles réelles. Ce jour-là, le président Pierre Nkurunziza a fait acte de candidature pour un troisième mandat. Le Burundi arrive à 145e place dans le classement mondial de la liberté de la presse.
50 journalistes burundais en exil
Les relations entre la presse et les autorités burundaises ont souvent été émaillées d’incidents. Les médias privés d'information ont été détruits durant la tentative avortée de coup d'Etat militaire des 13 et 14 mai 2015 et sont depuis réduits au silence. Auparavant, les autorités les accusaient déjà d'inciter à l'insurrection en relayant les appels à manifester. De nombreux journalistes burundais font état d'intimidations et de menaces et, selon Reporters sans Frontières, près de 50 journalistes burundais sont actuellement en exil, craignant pour leur sécurité.
Démission du médiateur
L'envoyé spécial de l'ONU pour les Grands-Lacs, Saïd Djinnit, a abandonné son rôle de médiateur dans le dialogue gouvernement-opposition au Burundi, visant à sortir le pays de la crise. L’opposition avait demandé début juin la nomination d’un nouveau médiateur, accusant Saïd Djinnit d’être favorable à un nouveau mandat de l’actuel président.
Passage en force
Pour le régime en place, l’heure n’est plus aux négociations. Bujumubra a fixé au 29 juin les élections législatives et municipales et au 15 juillet la présidentielle. Calendrier vigoureusement rejeté par l’opposition.
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