Béhanzin, le dernier roi d’Alger
Il ne faut pas se fier à sa photogénie, c’était un redoutable guerrier plus qu’un mondain. Le choix du président du Bénin de se recueillir sur la tombe de Béhanzin Kondo et de visiter son ancienne résidence n’est pas un choix anodin. Comment un roi du Dahomey (actuel Bénin) en est-il venu à mourir en Algérie ? L’histoire de Béhanzin Kondo rejoint la grande Histoire du XIXe siècle.
Nous sommes le 6 janvier 1890. Le prince Kondo succède à son père Da-Da Glélé Kini-Kini à l’âge de 45 ans. Il devient le 11e roi du Dahomey. A l'époque, les puissances européennes se partageaient ce qui restait de l’Afrique. Grâce à son huile de palme et sa situation géographique, le Dahomey attise les convoitises de la France, du Portugal et de l’Allemagne. Le jeune roi entend préserver l’indépendance de son pays et fait monter les enchères entre les trois puissances, en essayant de les dresser les unes contre les autres. Diplomatiquement, la France se débarrasse du Portugal et de l’Allemagne et négocie avec Béhanzin Kondo des accords commerciaux et militaires.
Ce qui devait arriver arriva, aucune des deux parties n’était contente du statu quo. La guerre éclate et va durer deux ans, de 1892 à 1894. Béhanzin Kondo est défait par le général Alfred-Amédée Dodds, métis franco-sénégalais.
La Martinique-Alger, le dernier voyage
Après sa reddition en janvier 1894, il est exilé en Martinique, en compagnie de ses enfants, quatre de ses femmes ainsi qu’un protocole réduit à un interprète et son épouse. D’abord coqueluche des journaux qui encensaient son exotisme, il retombe très vite dans l’oubli. Face à ses demandes répétées de revenir en Afrique pour finir sa vie, les autorités françaises acceptent… un peu. Il foulera bien le sol africain mais au nord du Sahara, à son extrême nord.
C’est à Alger qu’il débarque par un jour d’avril 1906 et non dans son Abomey natale. Fatigué, usé par ce voyage, et désespérant de revoir la terre de ses ancêtres, où il est toujours indésirable par les autorités françaises, il quitte rarement sa résidence de Blida. Il y meurt sept mois plus tard, le 10 décembre 1906, et est enterré au cimetière Saint-Eugène. Son fils Ouanilo, devenu avocat, rapatriera son corps en 1928.
Après l’indépendance du Bénin, il deviendra une figure nationale et aura droit à une grande statue. C’est vers cet homme atypique que le président de la République du Bénin, Thomas Boni Yayi, à qui l’on prête des intentions de se représenter, est venu demander la baraka.
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