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Avec une nouvelle tournée en Afrique de l'Ouest, le président turc Erdogan poursuit méthodiquement sa stratégie diplomatique africaine

Recep Tayyip Erdogan a entamé le 18 octobre 2021 une nouvelle tournée en Afrique, qui doit le mener successivement en Angola, au Togo et au Nigeria.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan, accueilli à Lomé par le président togolais Faure Gnassingbé, le 19 octobre 2021. Cette nouvelle tournée en Afrique du président turc a commencé par l'Angola et se terminera par le Nigeria. (MURAT CETINMUHURDAR / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVI)

Avec une trentaine de visites diplomatiques sur le continent africain depuis 2005, Recep Tayyip Erdogan continue à courtiser le continent africain. Poursuivant avec méthode sa double stratégie diplomatique et économique, le président turc a ajouté l'Angola, le Togo et le Nigeria à son agenda africain. Le volume des échanges entre la Turquie et l'Afrique est passé en vingt ans de 5 milliards à plus de 25 milliards de dollars.

Une posture anti-impérialiste

A Luanda, en Angola, première escale de son périple africain, le président Erdogan a affirmé à la fin de sa visite mardi 19 octobre "vouloir faire progresser les relations avec l'Afrique sur la base d'un partenariat égalitaire gagnant-gagnant, dans le cadre du respect mutuel". Un peu plus tôt, dans un discours devant le parlement angolais, il avait estimé que "le sort de l'humanité ne peut pas et ne doit pas être laissé à la merci d'une poignée de pays qui sont les vainqueurs de la Seconde guerre mondiale"

"Ignorer les appels au changement est une injustice pour l'Afrique", a-t-il ajouté, en précisant que la Turquie ne portait "aucune tache" d'impérialisme ou de colonialisme, oubliant au passage que l’empire Ottoman avait longuement colonisé le Proche-Orient et l'Afrique du Nord.

Lors de conversations avec son homologue angolais Joao Lourenço, le président turc a vanté l'industrie gazière turque soulignant que celle-ci "serait ravie de partager son expérience".

Signature de plusieurs accords 

Arrivé dans la soirée au Togo, Recep Tayyip Erdogan est venu pousser ses entreprises, pour éviter de se faire distancer par la concurrence, notamment chinoise ou russe. "Les sociétés turques sont prêtes à vous accorder leurs contributions pour les investissements dans les domaines du tourisme, la fourniture de l’énergie et la construction des infrastructures", a-t-il promis.

Plusieurs accords ont été signés dans les secteurs de l'agriculture, de l'industrie et de la défense avec son homologue togolais, Faure Gnassingbé. Les présidents burkinabè, Roch-Marc Christian Kaboré, et libérien Georges Weah, ont également fait le déplacement à Lomé pour se joindre aux discussions avec le président turc avant qu'il ne se rende au Nigeria pour rencontrer le chef de l'Etat Muhammadu Buhari.

En avril dernier, la Turquie a ouvert au Togo sa 43e ambassade sur le continent africain. Aujourd’hui, une soixantaine de villes africaines sont desservies à partir d’Ankara par les compagnies aériennes turques.

Ne pas se laisser distancer 

Ankara exporte surtout ses entreprises de BTP et de génie civile. Stades, aéroport, logements... un vaste marché s'ouvre au savoir-faire turc. La Turquie, c’est également de plus en plus l’armement, avec des véhicules blindés ou encore des drones – le Maroc a ainsi  réceptionné un lot de drones turcs Bayraktar TB2 –, voire la formation des forces armées locales.

Cet activisme diplomatique s’explique également par la volonté turque d’apparaître comme une grande puissance et de briguer régulièrement un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qu’Ankara avait obtenu en 2019 grâce justement au soutien des pays africains.

Soucieux de ne pas se laisser distancer sur le continent, Recep Tayyip Erdogan a convié les pays africains au 3e sommet Turquie-Afrique, prévu à la fin de l'année 2021, ou sont attendus pas moins d'une cinquantaine de chefs d’Etat africains. 

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