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Vidéo "Je n'ai plus voulu dire que j'étais pied-noir" : le difficile retour des Français d'Algérie en 1962

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La honte d'être Pieds-noirs
La honte d'être Pieds-noirs La honte d'être Pieds-noirs
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions

"Les Pieds-noirs d'Algérie, une histoire française", réalisé par Jean-François Delassus, donne la parole aux citoyens français contraints de fuir l'Algérie il y a 60 ans.  

C'est un pan douloureux de l'histoire de France, une cicatrice qu'il est toujours délicat d'évoquer : la guerre d'Algérie. Ce conflit, appelé également "guerre sans nom", qui fit 250 000 morts côté algérien et plus de 25 000 côté français, a pris fin le 18 mars 1962 avec la signature des accords d'Evian. L'indépendance condamne plus d'un million de Français d'Algérie à l'exode. Ceux que l'on nomme les "pieds-noirs" abandonnent tout du jour au lendemain. Un déchirement indicible pour une majorité d'entre eux, qui n'avaient encore jamais mis les pieds en métropole.

Diffusé en 2018 et à nouveau visible en replay sur France 5 depuis le 5 juin, le documentaire Les Pieds-noirs, une histoire française est émaillé d'une myriade de témoignages qui relatent le parcours de ces exilés qui avaient "pour patrie la France et pour pays l'Algérie". Ils racontent la douceur de vivre dans ce pays d'Afrique du Nord, leurs relations contrastées avec les Algériens, mais aussi l'hostilité dont ils furent victimes dès leur retour en France.

Ces rapatriés sont tantôt accusés d'avoir profité des Algériens, tantôt tenus responsables de la mort de nombreux jeunes au combat. Les hôteliers refusent de leur louer des chambres, leurs colis sont pillés, la rumeur grandit sur leurs prétendues richesses. "Les douaniers nous accablent de leur mépris et de leur hauteur, confie Alain Vircondelet, qui avait 15 ans lors de son arrivée en France en 1962. Ils nous demandent si nous avons des lingots d'or." 

Des déracinés dénigrés

La plupart des Français d'Algérie avaient pourtant des revenus bien inférieurs aux salaires pratiqués dans l'Hexagone. Certains étaient plombiers, employés de chemin fer ou encore pêcheurs. "Les Français ont cru, majoritairement, qu'on allait envahir leur pays et que l'on était des gens très riches", poursuit Alain Vircondelet.

"La vérité n'a pas été dite, donc les Français ne savaient pas qui nous étions."

Marie-Jeanne Soler, Française d'Algérie

dans le documentaire

Un jour, alors qu'elle s'apprête à monter dans un taxi, le chauffeur refuse. "De ce jour-là, je n'ai plus voulu dire que j'étais pied-noir", raconte-t-elle. Après la confusion et l'accueil frileux de ces rapatriés, les aides s'organisent et l'Etat français prend en main leur intégration, par le biais de logements et d'allocations, comme le rappelle un chercheur du CNRS interrogé dans le documentaire. Mais même si leur assimilation débouche, pour beaucoup, sur une réussite professionnelle, cet accomplissement n'apaise ni la mélancolie ni la nostalgie de ces déracinés envers une Algérie rêvée.


Le documentaire Les Pieds-noirs d'Algérie, une histoire française réalisé par Jean-François Delassus est visible en replay sur france.tv jusqu'au 30 juin 2022. 

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