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Usine Renault en Algérie : «on l'a réalisée, elle est Algérienne»

La France et l'Algérie ont inauguré lundi 10 novembre en grande pompe une usine Renault près d'Oran qui va fabriquer la première voiture algérienne. Au-delà du symbole diplomatique entre les deux pays, cette implantation marque la volonté de l’Algérie de diversifier son économie trop centrée sur les hydrocarbures.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal lors de l'inauguration de l'usine Renault de Oued Tlelat (10 novembre 2014). (FAROUK BATICHE / AFP)
Preuve de l’importance de cette usine aux yeux d’Alger, juste avant l'inauguration de l'usine, en présence du PDG de Renault Carlos Ghosn, la marque a lancé une campagne publicitaire massive sous le slogan en arabe «dernaha Djazaïria» («on l'a réalisée, elle est Algérienne »).
 
Il faut dire que pour Alger, l’enjeu est certes politique mais surtout économique. «Pour Alger, le marché automobile est un véritable gouffre commercial: 7 milliards de dollars de déficit commercial en 2012», rappelle La Tribune .
 
Une facture que l’Algérie, gros exportateur d’hydrocarbures, pouvait payer mais qui devient trop lourde quand les prix du pétrole s’éffondrent.  L’enjeu est aussi important pour Renault qui ne pouvait rester absent de ce marché.
 
L’usine a été inauguré en grande pompe :  le ministre  français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son collègue de l'Economie,  Emmanuel Macron, se sont rendus en Algérie  pour assister à la sortie de la  première voiture des chaînes d'assemblage, sous les yeux du Premier ministre  algérien Abdelmalek Sellal.qui a qualifié cet investissement de «grand acquis national, fruit d’un partenariat gagnant-gagnant. Il y aura d’autres usines similaires en Algérie».

«La relance de l’industrie est une priorité du gouvernement
», a souligné le premier ministre algérien.
 
Deuxième plus grand marché d’Afrique
L'entreprise française a du se plier aux règles algériennes. L'usine «Renault  Algérie production» est ainsi détenue à 51% par l'Etat algérien et 49% par le constructeur français. Elle est l'aboutissement d'un accord signé lors d'une visite du président François Hollande à Alger en décembre 2012.  

L’entreprise qui emploie actuellement quelque 350 personnes aura dans un premier  temps une capacité de production de 25.000 véhicules par an, avant de passer à  75.000 unités en 2019 et à 150.000 à plus long terme.
 
L'usine va produire une version de la voiture Dacia Logan, sous le nom Renault Symbol, des véhicules destinés au marché intérieur algérien, le  deuxième plus grand d'Afrique avec plus de 400.000 véhicules importés chaque année, même s'il connaît actuellement une baisse qui devrait atteindre 20% fin 2014.

En Algérie, le taux d’équipement automobile est actuellement de 100 véhicules pour 1.000 habitants, contre 600 pour 1.000 en Europe. «C'est un marché qui, à moyen  terme, peut dépasser les 500.000» véhicules par an, et Renault  vise une part de  marché de 30% », estime-t-on chez Renault.
 
Contrairement à l’usine Renault installée à Tanger, les véhicules produits près d’Oran ne sont pas destinés au marché européen.  «A l’échelle de Renault, le nouveau site d’Oran est une petite unité de production, comme il en dispose déjà avec son usine de la Somaca à Casablanca, au Maroc. Un site qui emploie 1 500 salariés et peut produire jusqu’à 78 000 véhicules par an. Rien à voir en revanche avec l’usine de Tanger et ses 5 500 employés, configurée pour produire, pour l’exportation, jusqu’à 400 000 véhicules par an dans le royaume chérifien», précise Le Monde. 
 
Mais Renault a négocié une exclusivité de la production sur le marché algérien…Une exclusivité de trois ans, ce qui n’est pas négligeable sur un marché en pleine croissance. Surtout que Renault a indiqué que les pièces détachées de ses Symbol seraient bientôt aussi produites sur place.

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