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"Revirement" espagnol sur le Sahara occidental : Alger rappelle son ambassadeur à Madrid

L'Espagne, pourtant très dépendante de l'Algérie pour ses approvisionnements en gaz, a apporté pour la première fois publiquement son soutien au projet d'autonomie marocain pour le Sahara occidental. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des soldats marocains gardant un poste de guet le long de la clôture séparant le Sahara occidental contrôlé par le Polisario et le Maroc à Al-Mahbes, le 3 février 2017.  (STRINGER / AFP)

L'Algérie a rappelé, samedi 19 mars, son ambassadeur à Madrid pour protester contre un "brusque revirement" de l'Espagne qui s'est dite favorable à un plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara occidental, un dossier dans lequel Alger soutient les indépendantistes du Polisario. L'Espagne, pourtant très dépendante de l'Algérie pour ses approvisionnements en gaz, dont les prix ont flambé après l'invasion russe de l'Ukraine, a opéré un changement de position radical sur ce dossier sensible. Le gouvernement espagnol a apporté pour la première fois publiquement son soutien au projet d'autonomie marocain pour le Sahara occidental, alors que Madrid avait toujours adopté une position neutre entre Rabat et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.

Revirement espagnol

Le gouvernement espagnol assure avoir prévenu l'Algérie de son soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara occidental. "Le gouvernement espagnol a informé en amont le gouvernement algérien de la position de l'Espagne concernant le Sahara", ancienne colonie espagnole, ont indiqué le 19 mars des sources gouvernementales. "Pour l'Espagne, l'Algérie est un partenaire stratégique, prioritaire et fiable avec lequel nous souhaitons maintenir une relation privilégiée", ont-elle assuré. L'Algérie a fourni en 2021 plus de 40% du gaz naturel importé par l'Espagne, dont l'essentiel lui parvient à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, d'une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an. Une autre partie du gaz algérien arrivait jusqu'en octobre dernier en Espagne à travers un autre gazoduc, le GME, passant par le Maroc. Depuis l'automne, Alger en a suspendu le fonctionnement après la rupture fin août de ses relations diplomatiques avec Rabat. 

Gestion des flux migratoires

Ce virage à 180 degrés va permettre une normalisation des relations entre l'Espagne et le Maroc. Cette nouvelle position espagnole a été saluée par les autorités marocaines comme des "engagements constructifs", ouvrant la voie à un dégel des relations bilatérales. Une brouille diplomatique majeure opposait Rabat et Madrid depuis avril 2021 après l'accueil en Espagne pour y être soigné du Covid-19, du chef du Polisario Brahim Ghali. Elle s'était traduite par l'arrivée massive en mai 2021 de migrants d'origine marocaine dans l'enclave espagnole de Ceuta (nord du Maroc), profitant d'un relâchement de la surveillance des frontières côté marocain. Selon Bernabé López, professeur d'études arabes et islamiques à l'Université autonome de Madrid, ce geste espagnol sur le Sahara a en particulier pour but d'obtenir de Rabat une gestion des flux migratoires. Afin "qu'il y ait plus de contrôle et non cette absence intentionnée de contrôle de la part du Maroc", juge-t-il.

Le Polisario dénonce 

Le conflit du Sahara occidental, ex-colonie espagnole considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire désertique au riche sous-sol et aux eaux très poissonneuses, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination, prévu lors de la signature en 1991 d'un cessez-le feu mais jamais concrétisé. Le Polisario dénonce le changement de position de Madrid. "L'Espagne, en plus de sa violation du droit international, n'est plus en mesure de jouer un rôle crédible dans le processus de règlement politique du conflit à cause de son alignement avec la position de l'une des parties au conflit", affirme Oubi Bouchraya Bachir, représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l'Union européenne (UE). 

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