L'hospitalisation du chef du Polisario en Espagne à l'origine de l'afflux de migrants du Maroc ?
Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l'arrivée en Espagne, le 18 avril, du chef des indépendantistes sahraouis pour y être soigné du Covid-19.
"Les jeunes qui ont effectué la traversée sont tous des Marocains, originaires de Fnideq et d’autres villes du royaume. C’est une arme de pression entre les mains du Maroc dans ses relations avec l'Union européenne et l'Espagne", confie, à Yabiladi Mohamed Saïd Soussi de l’Observatoire des droits de l’Homme du Nord. Selon les chiffres fournis par le ministère espagnol de l'Intérieur, quelque 6 000 personnes ont pénétré illégalement à Ceuta, lundi 18 mai, en provenance du Maroc. Environ 1 500 ont déjà été renvoyés au Maroc, a annoncé le ministre espagnol de l'Intérieur. Le Maroc a-t-il levé le pied sur le contrôle de l’émigration irrégulière vers Ceuta ? Pour Le Desk, les autorités marocaines auraient suspendu toute coopération sécuritaire ou migratoire avec l'Espagne.
Un malade encombrant
A l'origine du différend entre les deux pays, la présence du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne. Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l'arrivée en Espagne, le 18 avril, du chef des indépendantistes sahraouis pour y être soigné du Covid-19, le Maroc allant jusqu'à convoquer l'ambassadeur espagnol pour lui signifier son "exaspération". La ministre espagnole des Affaires étrangères a justifié l'accueil en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis du Polisario et exclu que le désaccord avec Rabat sur ce sujet puisse être à l'origine de l'arrivée lundi 17 mai de milliers de migrants marocains dans l'enclave espagnole de Ceuta.
"Il s'agissait, et il s'agit tout simplement, d'une question humanitaire, d'une réponse humanitaire à une demande d'aide humanitaire d'une personne qui se trouvait dans une situation de santé très, très fragile"
Arancha González Laya, ministre espagnole des Affaires étrangèresRadio Cadena Ser
Madrid tente de calmer le jeu. "Je ne conçois pas que l'on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l'avons vu ces dernières heures à Ceuta", que cela puisse être "une réponse à une action humanitaire", a-t-elle ajouté. Selon la ministre, des responsables marocains, qu'elle n'a pas nommés, ont "assuré" les autorités espagnoles que cet afflux de migrants dans l'enclave espagnole "(n'était) pas le fruit du désaccord" avec Rabat à propos de la présence en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali.
"Chef des milices séparatistes"
Rabat n'a pas réagi officiellement à cette arrivée massive. Le 25 avril, le Maroc a dit "déplorer l'attitude de l'Espagne, qui accueille sur son territoire le dénommé Brahim Ghali, chef des milices du Polisario, poursuivi pour crimes de guerre sérieux et des atteintes graves aux droits de l'Homme". "Notre terre ne doit pas subir le différend de politique étrangère entre l'Espagne et le Maroc", affirme le député de Caballas, Mohamed Ali, dans un tweet.
Ante la gravedad de lo q ocurre en la frontera del Tarajal y Benzú, @caballasceuta se pone a disposición de @GobiernodeCeuta para reclamar al Gobierno de la Nación máxima atención a #Ceuta. Nuestra tierra no debe sufrir la disputa de la política exterior entre España y Marruecos. pic.twitter.com/94LsYR91kI
— MOHAMED ALI (@M_ALI_LEMAGUE) May 17, 2021
Frontières terrestres
Madrid n'a pas intérêt à se brouiller avec Rabat, son allié-clé dans la lutte contre l'immigration clandestine. Entre le début de l'année et le 15 mai, 475 migrants sont arrivés à Ceuta, soit plus du double par rapport à la même période l'an passé, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. La petite ville de Fnideq, aussi appelée Castillejos, d'où seraient partis les migrants, a été en février le théâtre de plusieurs manifestations contre la crise économique, amplifiée par l'arrêt de la contrebande avec Ceuta en 2019 et par la crise sanitaire. Ceuta et Melilla, l'autre enclave espagnole située sur la côte marocaine, sont les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec l'Afrique, et des migrants tentent régulièrement de franchir en force les clôtures.
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