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Présidentielle en Algérie: Louisa Hanoune, candidate «aux mains propres»

Louisa Hanoune est la seule femme en lice au scrutin présidentiel du 17 avril 2014. Son slogan de campagne: «Pour une deuxième République». Et son mot d'ordre : «l'audace». Brillante oratrice au caractère bien trempé, cette députée trotskiste a fait du Parti des travailleurs (PT) l’une des principales formations à l’Assemblée derrière les partis qui forment l’Alliance présidentielle.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti du travail algérien et candidate à la présidentielle, en meeting à Blida, à l'ouest d'Alger, le 27 mars 2014. (Amine Labouad / NurPhoto)

C’est une figure incontournable du paysage politique algérien. Louisa Hanoune, 60 ans, jouit d'une grande popularité y compris dans les milieux conservateurs. «Louisa», comme l’appellent les Algériens, a forgé ses convictions dans une lutte acharnée pour l’abrogation du Code de la famille, adopté en 1984 par le Parlement, et qui relègue la femme algérienne à un statut de citoyenne de seconde zone. 

Le scrutin présidentiel du 17 avril «est un examen inédit dans l'histoire de l'Algérie indépendante», plaide la candidate au franc-parler. Ses cibles: les multinationales et la «main étrangère» qui se trouve, selon elle, derrière les ONG pour tenter d'entraîner le pays dans une nouvelle spirale de violences. Mais aussi l'ancien Premier ministre Ali Benflis, candidat comme elle à la présidentielle et adversaire du président sortant Abdelaziz Bouteflika qu'elle a toujours ménagé. 

La leader du PT, qui défend des positions altermondialistes, prône la création d’un impôt sur la fortune, la suspension de l’accord d’association avec l’Union européenne et du processus d’adhésion à l’OMC, ainsi que le retrait de la Zone arabe de libre-échange. Et quand on la qualifie de «Chavez algérien», elle répond: «Je ferai mieux que lui», ajoutant au sujet de l'ex-président vénézuélien qu'«il a eu le courage de sortir son pays de l'emprise du FMI et de la Banque Mondiale mais il n'a pas annulé la dette».

La «dame de fer algérienne»
C'est en juillet 1991, lors d'une grand-messe politique retransmise en direct par la télévision d'Etat, que les Algériens découvrent cette femme qui demandait avec éloquence, la libération des principaux dirigeants du Front Islamique du Salut (FIS, dissous depuis) emprisonnés. Pendant la décennie noire, Mme Hanoune n'a eu de cesse de plaider pour une solution négociée, incluant le FIS, dans la crise politique ouverte par l'annulation des législatives de décembre 1991 remportées par ce parti. Elle militera notamment au sein de l'Organisation socialiste des travailleurs (OST), un mouvement clandestin, qui lui vaudra d'être arrêtée en 1983 et en 1988. En 1999, elle décroche son premier mandat de députée, puis en briguera un nouveau en 2007.

Celle qu’on surnomme la «dame de fer algérienne» avait été en 2004 la première candidate arabe à une élection présidentielle. S'étant relancée dans la course à la présidentielle en 2009, elle déclarait alors: «Participer à une élection présidentielle, c'est la possibilité de disposer d'une formidable tribune pour faire progresser les idées du parti, défendre la souveraineté nationale et changer le destin des Algériens». Cinq ans plus tard, cette Algérienne, originaire des montagnes de Chefka dans la wilaya de Jijel, est de nouveau en lice pour sa troisième présidentielle consécutive.

Accusée de faire du «donquichottisme» 
Née le 7 avril 1954 à Chefka, d'un père boulanger et d'une mère au foyer, elle est la première femme de sa famille à faire des études. Diplômée en droit et titulaire d'une maîtrise de langue arabe, Mme Hanoune, qui parle également le français, ne se prive pas de mélanger, dans ses discours politiques, la langue arabe classique et des formules plus populaires. 

Selon El Watan, Mme Hanoune a accusé les partisans du président sortant Bouteflika, candidat à un 4e mandat, d'avoir «collecté de fausses signatures d'électeurs». A ses détracteurs qui l'accusent d'être proche du pouvoir et de faire du «donquichottisme politicien», la candidate d'extrême gauche rétorque qu'elle est le symbole même de l'opposition en Algérie. Sans oublier de préciser avec sa voix rauque qu'elle a «les mains propres».

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