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"Je ne vais pas voter" : à Alger, difficile de trouver quelqu'un qui participera à l'élection présidentielle

Cinq candidats se présentent, tous considérés comme appartenant au même système corrompu contre lequel les Algériens se mobilisent depuis près de dix mois.

Article rédigé par Mathilde Dehimi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les Algériens manifestaient le 10 décembre à Alger contre la tenue de l'élection présidentielle. (RYAD KRAMDI / AFP)

Le quartier populaire de Belcourt est loin des clameurs des manifestations du centre d'Alger. Idriss revient d'un dernier rassemblement spontané avant l'élection présidentielle du jeudi 12 décembre en Algérie et il note un changement d'attitude de la police : "Depuis vendredi, ça empire. Plus le vote se rapproche, plus il y a d'arrestations. Je n'ai pas pris de coups mais j'ai eu de la chance. De toute façon, le peuple ne va pas reculer. Je ne sais pas ce qu'il veut, ce système".

Après pratiquement dix mois d'une contestation populaire massive et inédite, les Algériens sont appelés à voter jeudi 12 décembre afin d'élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Mais l'élection présidentielle est perçue comme une manoeuvre de survie du régime et devrait être largement boudée. Idriss ne votera pas, convaincu que les changements se feront sur un temps long. Lina 22 ans, n'accordera pas non plus son vote à l'un des cinq candidats retenus.

Les candidats font partis du même système que les deux anciens Premiers ministres qui viennent d'être condamnés à de la prison. Tout le régime est pourri de l'intérieur.

Lina, une Algérienne de 22 ans

à franceinfo

Mais tous ne sont pas de fervents défenseurs du mouvement pacifiste antirégime "Hirak", né le 22 février. Akram, provocateur, n'ira pas voter : "Je n'en ai rien à foutre". Lui et ses amis, désabusés, ne rêve que de quitter le pays. "On ne va rien gagner et l'Algérie restera toujours telle qu'elle est. Le régime n'est pas le seul responsable. On est aussi responsable. On aurait dû s'investir il y a bien longtemps." 

Une attitude que regrette Lies. Il a vu le mouvement évoluer depuis le renoncement à un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika en avril. "Je ne vais pas voter et j'aimerais que personne n'aille voter. On était tous ensemble et puis il y a eu une fracture parce que chacun est parti de son côté. Le mouvement 'Hirak' est arrivé à sa limite. Il aurait fallu qu'on fasse un pas de plus, comme une grande grève générale, pour qu'on continue d'avancer."  

L'appel à la grève générale relayé sur les réseaux sociaux est suivie en Kabylie, depuis dimanche, mais pas à Alger. Difficile de trouver dans ce quartier populaire de Belcourt des électeurs qui iront voter, surtout chez les plus jeunes. Selon Nina, les candidats sont tous "des escrocs" qui ont confisqué, selon elle, la mémoire des combattants de la guerre d'Algérie. En contrebas du monument dédié aux martyrs de la révolution, un panneau électoral est installé sur l'artère principale, mais il n'y a aucune affiche de campagne dessus.

Le reportage de Mathilde Dehimi dans le quartier de Belcourt à Alger.

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