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Egypte : le président Sissi critique les soulèvements en Algérie et au Soudan sans les nommer

A l’occasion d’une cérémonie à la mémoire des "martyrs" de guerre, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a accusé les mouvements de contestation de plusieurs Etats de la région, de mener ces pays à leur perte.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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Abdel Fattah al-Sissi, président de l'Egypte et président par intérim de l'Union africaine, participe à la clôture de la 32e session ordinaire du sommet de l'Union africaine (UA) au siège à Addis-Abeba, en Ethiopie le 11 février 2019. (MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

En plein soulèvements populaires en Algérie et au Soudan, le président égyptien a mis en garde le 10 mars 2019 contre les risques que posent, selon lui, ces manifestations.

Les générations futures vont payer le prix de l'instabilité

"Actuellement, dans des Etats de notre région, les gens parlent de la situation économique et des conditions (de vie), et ainsi, ils gâchent leur pays, le conduisent à sa perte", a déclaré Abdel Fattah al-Sissi lors d'une allocution télévisée, sans citer les noms des pays en question. "Tout cela a un prix", a-t-il prévenu, ajoutant que "le peuple, les jeunes enfants et les générations futures vont payer ce prix-là, celui de l'absence de stabilité".

En Algérie, l'annonce fin février de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat a provoqué un mouvement de contestation inédit, alors que le pays, qui tire l'essentiel de ses revenus du pétrole, a subi la chute des cours en 2014.

Le Soudan, voisin direct de l'Egypte et en plein marasme économique, connaît également, depuis décembre 2018, un mouvement de protestation contre le président Omar el-Béchir après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.

Accusé lui-même de gouverner l’Egypte d’une main de fer et de museler la presse et l’opposition, le président Sissi se montre impassible, mais cache mal ses inquiétudes.

Sissi dénoncé lui-même pour violations des droits de l'Homme

Il exprime régulièrement des critiques à l'égard des manifestations dans son pays, en particulier le soulèvement populaire de 2011 qui avait provoqué la chute du président Hosni Moubarak au moment des "Printemps arabes".

Dans cette même allocution, il a également dénoncé les informations, mensongères selon lui, diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux contre l'action des forces de sécurité et de l'armée égyptiennes, notamment lors de la période révolutionnaire. Ces forces sont en effet accusées, par les opposants et des ONG, de violences contre les manifestants. Rejetant ces critiques, le président a lancé aux responsables politiques et militaires qui l'entouraient : "Regardez, apprenez comment on fait tomber les Etats, comment on les détruit."

La révolution de 2011 est officiellement célébrée chaque année en Egypte. Mais son image est fortement dégradée par les autorités et les médias proches du régime, qui estiment qu'elle a engendré insécurité et instabilité alors que la priorité du gouvernement actuel est celle de la "stabilité"

De nombreuses figures de la révolution sont actuellement emprisonnées ou en exil. Les ONG dénoncent régulièrement les violations des droits humains en Egypte.

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