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Algérie : un crime homophobe à la cité universitaire de Ben Aknoun provoque la colère des étudiants

Jeune étudiant en médecine, Assil Belalta a été retrouvé égorgé dans sa chambre de la résidence universitaire Ben Aknoun d'Alger. Une inscription homophobe écrite sur le mur avec le sang de la victime soulève une vague de colère dans la communauté universitaire.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Manifestation de médecins et dentistes devant l'hôpital Mustapha Bacha d'Alger, le 30 janvier 2018.
 (RYAD KRAMDI / AFP)

Agé de 21 ans et étudiant en troisième année de médecine, Assil Belalta était originaire de la Wilaya de Bordj Bou Arreridj en Kabylie. Il a été retrouvé mort en début de soirée, le 10 février 2019, dans sa chambre de la résidence universitaire Taleb Abderahmane II, de Ben Aknoun à Alger.

Egorgé et lardé de coups de couteau

Selon les premiers témoignages de ses amis sur Facebook, rapportés par Algérie on line, le jeune garçon était retourné à sa chambre vers 19 heures. Il aurait, "selon toute vraisemblance, été suivi par deux inconnus". Son corps égorgé et lardé de coups de couteau a été retrouvé plus tard, baignant dans son sang.

Selon la presse algérienne en ligne, les deux suspects ont pu prendre la fuite sans être inquiétés emportant avec eux les clés de la voiture de la victime.

Ils ont également pris le temps de signer leur crime d’une inscription homophobe, en écrivant avec son propre sang les mots "his gay" (sic) sur le mur de sa chambre.

La découverte du crime a aussitôt mis en ébullition les étudiants de la résidence. Encore sous le choc, ils se sont rassemblés devant les bâtiments administratifs en signe de protestation.

Selon des images diffusées par la chaîne El Bilad TV, le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdelkader Hadjar, qui s’est rendu sur les lieux le soir même, s’est retrouvé encerclé par des étudiants en colère.

Choqué par la mort de son ami et la manière dont il a été tué

Colère exprimée également sur les réseaux sociaux, où la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre via Facebook et Instagram.

"Ce crime vient dévoiler au grand jour la réalité des résidences universitaires de la capitale, surtout celle-là (Taleb- Abderahmane II)", commente un étudiant, choqué par la perte et surtout la manière dont a été tué son ami.

"Des gens qui n’ont aucun lien avec l’université, des travailleurs indépendants, des commerçants et des étrangers y résident le plus normalement du monde. Ils sont même prioritaires dans tout au détriment des étudiants. Ces mêmes étrangers réservent jusqu’à trois, quatre chambres pour les transformer en lieu de consommation de drogue et d'alcool", ajoute-t-il selon Algérie on line.

"Aujourd’hui c’est Assil, que Dieu ait son âme, et demain ce sera peut-être moi ou quelqu’un d’autre. On va vivre comme cela dans la peur ? Franchement où allons-nous ? On va passer notre temps à nous surveiller ? A regarder qui marche derrière nous ? C’est grave", s’indigne un autre étudiant.

Que "Justice soit faite" pour Assil Belalta

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont tous ont eu une pensée de compassion pour les parents du jeune Assil et appelé à faire payer le prix de ce crime odieux "à tous ceux qui en sont responsables de près ou de loin".

Dans leurs messages, ils en ont profité également pour dénoncer "l’absence de sécurité, la négligence dans le contrôle et le manque d’éclairage public dans les résidences universitaires".

A l’appel du collectif autonome des médecins résidents algériens, CAMRA, qui exige que "justice soit faite", une minute de silence a été observée le 11 février à la mi-journée "à la mémoire de notre confrère Assil et pour dénoncer l’insécurité dans les cités universitaires".

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