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Xénophobie en Afrique du Sud : "Une insulte à Nelson Mandela", la colère gronde à travers le continent

L’accalmie n’aura duré que quelques jours en Afrique du Sud. Une nouvelle vague d’émeutes xénophobes, dans le centre de Johannesburg, s'est soldée dimanche 8 septembre par un mort et plusieurs blessés.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestant nigérian devant l'ambassade sud-africaine à Abuja, le 5 septembre 2019. (KOLA SULAIMON / AFP)

Onze morts et de nombreux blessés, c’est le nouveau bilan des victimes enregistrées depuis le déclenchement des violences xénophobes en Afrique du Sud. Elles continuent de causer émotion et colère à travers toute l’Afrique. Et pour cause. Des dizaines de commerces tenus par des étrangers en majorité d’origine africaine ont été réduits en cendres. Des corps carbonisés, des chasses à l’homme dans les quartiers contre "ces étrangers venus prendre les emplois des sud-africains". Ces émeutes ont causé de vives réactions et des représailles contre des intérêts sud-africains dans plusieurs pays du continent, notamment au Nigeria.

Si le président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné "ces violences inadmissibles", la réaction qui a retenu l’attention à travers le continent est venue de l’opposant sud-africain, Julius Malema, leader du parti des Combattants pour la liberté économique (Economic Freedom Fighters). Il a pris clairement la défense "des victimes de la barbarie" de ses frères sud-africains.

Je ne vous ai jamais vu frapper un Chinois, un Blanc, un Indien, sous prétexte qu'ils n'ont pas de papiers. Mais regardez ce que vous faites à vos propres frères africains. Cela prouve que vous ne vous aimez pas vous-mêmes

Julius Malema, opposant sud-africain

Déclaration à la presse à Johannesburg

Julius Malema dit avoir honte aujourd’hui qu’on l’appelle sud-africain. Il met en garde ses compatriotes, qui accusent les Africains de venir prendre leurs emplois. L’Afrique du Sud est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté qui frappent sa population.

"Nous pouvons chasser de notre sol tous nos frères africains. Mais vous verrez qu’il n’y aura toujours pas de travail en Afrique du Sud. Notre richesse est entre les mains des Blancs qui refusent d’investir pour créer plus d’industries", a plaidé Julius Malema. Des propos largement appréciés en Afrique par ceux qui dénoncent cette barbarie d’un autre âge.

"Ceux qui estiment que les étrangers sont la cause de leur malheur doivent se remettre en cause. Ils doivent se demander s’ils ont fait, eux-mêmes, les efforts nécessaires pour gagner leur vie", écrit le journal Le Pays. Le quotidien burkinabè se fait l’écho de la vague d’indignation provoquée en Afrique par ces violences, qualifiées d’insultes à la mémoire de Nelson Mandela.

Ceux qui se sont battus aux côtés du peuple sud-africain dans sa longue marche vers la liberté, sont ainsi payés en monnaie de singe

Journal Le Pays, quotidien du Burkina faso

Edition du 3 septembre 2019

Pour le quotidien burkinabè, le combat pour le respect de tout homme, qui ne peut se faire sans le respect de son droit à la vie, que Nelson Mandela a mené toute sa vie, "est mis à rude épreuve une fois encore, par de sinistres individus".

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