L'ouverture des frontières peut être "un moyen de pression des talibans sur les Européens", craint le géopolitologue Pascal Boniface
Les talibans risquent de dire aux Européens : "Si vous nous chatouillez trop, on va ouvrir les frontières et vous en subirez les conséquences", avertit le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques.
"Les talibans tiennent les frontières, ils ont un moyen de pression désormais sur les Européens", a déclaré mardi 17 août sur franceinfo Pascal Boniface, géopolitologue, directeur de l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). Il ne croit pas en un flux migratoire important vers l'Europe, après l'arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan, mais appelle les États européens à s'entendre sur des quotas de réfugiés.
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Les talibans "pourront dire" aux Européens "si vous nous chatouillez trop, on va ouvrir les frontières et vous en subirez les conséquences", estime Pascal Boniface, citant le précédent turc avec les réfugiés syriens. "Les talibans ont un argument dans leur poche pour faire peur aux pays membres de l'Union européenne, de même que Erdogan s'est servi de la question migratoire pour renforcer sa donne par rapport aux pays européens, parce que c'est leur point de faiblesse".
Des quotas vont être discutés
Mais il nuance le risque : "L'Afghanistan c'est quand même beaucoup plus loin que la Syrie. Il y a d'autres pays qui, entre temps, peuvent accueillir" les Afghans qui fuiraient leur pays. De plus, quitter l'Afghanistan est difficile, "la seule porte de sortie pour l'instant de l'Afghanistan c'est l'aéroport de Kaboul. Les talibans tiennent les frontières et donc ils ne vont pas permettre aux Afghans de fuir leur régime".
Dans ce contexte, que doit-on attendre de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 27 États membres de l'Union européenne prévue mardi après-midi ? Selon Pascal Boniface, "il faut espérer que les gouvernements qui sont toujours hésitants à accueillir des immigrants fassent un petit effort parce que ce qui est vraiment indispensable de faire, c'est d'accueillir tous ceux qui ont travaillé avec les forces militaires européennes, les forces de l'Otan et qu'on les accueille". Le géopolitologue pointe notamment du doigt la Pologne et la Hongrie, des pays souvent très prompts à fermer leurs frontières. Il "pense qu'il y aura des quotas qui vont être discutés pour tous les Afghans qui ont travaillé avec les forces européennes".
Interrogé sur les propos très commentés d'Emmanuel Macron sur le risque de "flux migratoires irréguliers" le géopolitologue pense que "c'est plutôt un discours à destination intérieure". Il estime que "l'ensemble des gouvernements, notamment le gouvernement allemand qui est en période électorale, veut rassurer une partie des opinions qui sont sensibles aux questions migratoires".
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