Ce que l'on sait de l'attentat kamikaze en Afghanistan lors d'une fête de mariage
Ce nouvel attentat intervient au moment de la conclusion d'un accord entre les Etats-Unis et les talibans.
La scène de liesse a laissé place au chaos. Un attentat kamikaze a fait au moins 63 morts et blessé 182 personnes, samedi 17 août, lors des festivités autour d'un mariage à Kaboul. Cet attentat est le plus meurtrier visant des civils depuis le début de l'année en Afghanistan. Franceinfo fait le point.
Une explosion au milieu des danses
L'attentat survenu à 22h40, heure locale, 18h10 heure française, dans l'ouest de Kaboul. C'est l'œuvre d'un "kamikaze", a aussitôt affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Nasrat Rahimi. "Parmi les victimes, il y a des femmes et des enfants", a-t-il ajouté.
"Les participants dansaient et faisaient la fête quand l'explosion s'est produite", a témoigné depuis son lit d'hôpital un invité. "Je n'ai pas vu le kamikaze de mes propres yeux, l'explosion a eu lieu derrière nous", a-t-il ajouté blessé par des éclats aux bras et à l'abdomen.
"Ils ont changé mon bonheur en chagrin. J'ai perdu mon frère, mes amis, ma famille. Je ne pourrai plus jamais être heureux", a témoigné auprès de la télévision locale le marié, prénommé Mirwais.
Hier après-midi, les invités sont venus à mon mariage avec des visages souriants, le soir, on sortait leurs corps de la salle.
Mirwais, le mariéà la télévision locale
Au petit matin, dans la salle aux vitres soufflées et au plafond effondré, témoins de la violence de l'explosion, le sol était maculé de sang. Des chaussures laissées là dans la panique étaient empilées devant l'entrée.
Un attentat revendiqué par l'Etat islamique
Le groupe Etat islamique a finalement revendiqué l'attentat, au lendemain des faits. "Le frère kamikaze Abou Assem al-Pakistani (...) a réussi hier à atteindre un grand rassemblement (...) d'apostats" à Kaboul et a "fait détoner sa ceinture une fois au milieu de la foule", est-il écrit dans un communiqué publié sur Telegram par l'organisation terroriste. "Après l'arrivée de membres de la sécurité, des moujahidine ont fait exploser une voiture piégée", poursuit le texte
Un peu plus tôt, les talibans, qui livrent une guerre d'insurrection depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition menée par les Etats-Unis, ont nié dimanche matin toute implication. "Commettre de tels assassinats délibérés et brutaux et prendre pour cible des femmes et des enfants n'ont aucune justification", ont tweeté deux porte-parole des talibans. "Les talibans ne peuvent s'exonérer de tout blâme car ils servent de plate-forme aux terroristes", a réagi de son côté le président Ashraf Ghani, qualifiant l'attentat de "barbare".
En pleine négociation entre Etats-Unis et talibans
La population afghane, exaspérée par la violence aveugle, espère la conclusion d'un accord entre les Etats-Unis et les talibans. Les discussions ont démarré en septembre 2018. L'objectif : aboutir à des négociations de paix entre le gouvernement afghan et le groupe insurgé.
L'accord porterait sur un retrait progressif des 14 000 soldats américains "en uniforme d’ici à la fin 2020", selon une source diplomatique au Monde. La contrepartie ? Les miliciens islamistes, qui ont longtemps hébergé Al-Qaïda, s'engagent à ce que l'Afghanistan ne redevienne pas un abri pour les jihadistes. "Nous avons fourni toutes les garanties que personne ne pourrait utiliser notre territoire pour s’en prendre aux intérêts américains, à leurs alliés ou à toute autre nation", a ainsi déclaré à la BBC fin juillet le porte-parole de la délégation talibane.
“We have given assurances in the peace deal (US/Taliban) that we will not allow anyone to use the site of #Afghanistan against the United States, its allies, and any other country .” #Taliban spokesman Suhail Shaheen to BBC in #Doha #AfghanPeaceProcess pic.twitter.com/23nVsXRmfc
— lyse doucet (@bbclysedoucet) August 8, 2019
Plusieurs sources américaines laissaient entendre ces derniers jours qu'un accord pourrait être imminent, mais certains points restent à régler. "Que faire des vastes bases américaines construites en Afghanistan ? Et des nombreux matériels de guerre que la première armée au monde laisserait derrière elle ?", pointe ainsi Le Monde.
Par ailleurs, la perspective de l'élection présidentielle afghane prévue pour le 28 septembre, s'invite dans les négociations. Les talibans ont menacé de mort, mardi 6 août, tous ceux qui participeraient à la prochaine présidentielle. De leu côté, les Nations unies et l’Union européenne défendent la tenue de cette élection quelle que soit l'avancée de l'accord.
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