: Infographie On a comparé l'intensité des tempêtes Ciaran et Domingos par rapport à celles qui ont frappé l'Hexagone depuis quarante ans
Deux tempêtes en une semaine. Ciaran a frappé le nord-ouest de la France dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 novembre. Les vents ont soufflé jusqu'à 207 km/h sur la pointe du Raz (Finistère). Légèrement moins intense, Domingos a balayé le sud-ouest du pays, entre le samedi 4 et le dimanche 5 novembre. Les rafales ont dépassé les 150 km/h à Lège-Cap-Ferret (Gironde). Les deux épisodes tempétueux ont provoqué d'importants dégâts, privant d'électricité jusqu'à plus d'un million de foyers. Ils ont aussi fait des victimes : au moins trois morts et 47 blessés.
Pour évaluer la sévérité de ces récentes tempêtes par rapport à celles qui ont balayé l'Hexagone par le passé, franceinfo s'est plongé dans les données de Météo-France. Une tempête est considérée comme telle par l'agence météorologique lorsque les rafales dépassent 100 km/h sur au moins 2% du territoire. Depuis 1980, l'institut de prévisions météorologiques a recensé neuf tempêtes considérées comme exceptionnelles. D'après ses mesures, l'Hexagone a aussi subi 37 tempêtes fortes et 330 modérées. Les 28 les plus violentes sont représentées dans le graphique ci-dessous.
Parmi les tempêtes exceptionnelles, on retrouve Lothar et Martin, qui ont soufflé en décembre 1999. On compte aussi la tempête de novembre 1982, mais aussi Viviane et Herta en février 1990, ainsi que Xynthia en février 2010. La plus forte tempête d'entre toutes, Lothar, s'est déplacée à plus de 100 km/h en moyenne sur un axe allant de la Bretagne à la Lorraine et l'Alsace, avec un front mesurant 150 km de large. Deux jours plus tard, Martin frappait près de 60% du territoire français. Le bilan de ces deux tempêtes s'est élevé à 88 morts.
Ciaran est considérée comme une tempête forte par Météo-France. Elle a été caractérisée par des rafales moyennes de 143 km/h, ce qui en fait la sixième tempête avec les vents les plus violents depuis 1980. Elle est cependant restée localisée à la Bretagne et la Normandie, avant de se diriger vers le Royaume-Uni. Seuls 17,4% du territoire ont été touchés. C'est ce qui explique son indice de sévérité plutôt faible : 5,9 contre 14,8 pour Xynthia ou 24,6 pour Lothar par exemple.
La tempête hivernale Klaus, en janvier 2009, possédait des caractéristiques similaires, avec des vents particulièrement violents, mais seule une partie du territoire concernée : le sud-ouest de l'Hexagone. Elle est considérée comme l'un des tempêtes les plus meurtrières depuis Lothar et Martin, survenues dix ans plus tôt. Douze personnes avaient perdu la vie. La tempête Domingos "est considérée comme modérée, car elle n'a touché qu'une petite partie du territoire", explique Météo-France. Elle n'est donc pas représentée dans le graphique ci-dessus.
Un indice calculé pour chaque phénomène
Pour évaluer la sévérité des tempêtes, Météo-France prend en compte plusieurs facteurs : la vitesse du vent, la durée du phénomène et la surface de territoire touchée. Ces trois indicateurs permettent de calculer le Storm Severity Index (SSI). Sa valeur varie de 0 à 100. Une tempête est qualifiée d'exceptionnelle lorsque cet indice est supérieur à 12, de forte lorsqu'il est compris entre 4 et 12 et de modérée lorsque sa valeur est inférieure à 4.
Cet indice est même calculé pour chaque heure du phénomène météo, ce qui permet d'avoir une représentation détaillée de l'évolution de la tempête au fil du temps. L'indice prend en compte, heure par heure, la taille de la zone touchée et la vitesse des rafales supérieures à 100 km/h. Il tient aussi compte de l'énergie cinétique du vent. Il s'agit de la force que possède le vent en raison de son mouvement : plus il est rapide, plus il provoque de dégâts. Les vents les plus forts ont un poids plus important dans le calcul de l'indice.
Cette méthode a été développée en 1980 "pour s'affranchir de la notion de durée des tempêtes qui présente des incertitudes avant 1995", explique Météo-France. Avant cette date, "il était d'usage de considérer le nombre relatif des stations pour lesquelles les rafales ont dépassé le seuil 100 km/h", ajoute l'institut de prévisions. Mais cette méthode avait un défaut : elle dépendait trop de la manière dont Météo-France avait constitué son réseau de sites d'observation.
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