Sécheresse dans les Pyrénées-Orientales : ce que contient "le plan de résilience pour l’eau" dévoilé par le ministre Christophe Béchu

Le département subit une sécheresse inédite et certaines communes sont privées d'eau potable. Face aux tensions sur cette ressource, le ministère de la Transition écologique a fait plusieurs annonces, mercredi.
Article rédigé par Camille Adaoust, franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le ministre de la Transition écologique présente le "plan de résilience pour l'eau" à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), le 22 mai 2024. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Les Pyrénées-Orientales subissent une sécheresse intense depuis 2022, illustrant la baisse des précipitations sur le bassin méditerranéen et la hausse de l'évaporation causées par le réchauffement climatique. Pour y faire face, le ministre de la Transition écologique a annoncé un "plan de résilience pour l'eau" à Canet-en-Roussillon, mercredi 22 mai. "Votre territoire connait une situation unique en France, une sécheresse record et une crise inédite", a expliqué Christophe Béchu.

Ce plan, piloté par l'ex-candidate aux législatives de 2017 dans le département, Christine Espert, compte notamment sept projets pour adapter la zone à la raréfaction de l'eau et pour "faire d'une fragilité une force, en transformant ce territoire des Pyrénées-Orientales en précurseur dans la mise en œuvre de solutions", abonde le ministre. Voici un résumé de ses annonces. 

Un financement de l'Etat de "10 millions d'euros minimum"

Pour ce "plan de résilience pour l'eau", l'Etat apporte "10 millions d'euros minimum de cofinancement nouveau", a déclaré Christophe Béchu. Cette enveloppe constitue un soutien des "projets à hauteur de 50%", avait-il détaillé plus tôt auprès de France Bleu Roussillon.

"A côté de cette somme, le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, va mettre à disposition des moyens du fonds hydraulique agricole" et "la Caisse des dépôts va mettre à disposition des Pyrénées-Orientales des 'Aqua prêts'", c'est-à-dire des solutions de financement subventionnées pour soutenir les investissements dans la gestion durable de l’eau, a-t-il complété mercredi. 

Sept projets d'adaptation

Ces 10 millions d'euros serviront notamment à financer sept projets. C'est depuis l'un d'eux que le ministre s'est exprimé, mercredi : la station d'épuration de Canet-en-Roussillon. Ce site va ainsi être adapté pour soutenir l'irrigation agricole et des usages urbains de réutilisation d'eaux usées. Ce projet, comme les six autres, est censé démarrer "très rapidement" grâce aux financements et à des facilitations réglementaires. Deux autres projets de réutilisation concernent les stations d'Argelès-sur-Mer et de Saint-Cyprien.

Un autre projet vise à "sécuriser l'alimentation des réseaux d'irrigation" du bassin de l'Agly, et un autre à équiper le réseau du canal de Corbère avec des "électrovannes individuelles équipées de compteurs connectés" pour optimiser l'usage de l'eau en goutte-à-goutte par les arboriculteurs. Des travaux doivent aussi moderniser le canal de Perpignan, creusé au XIVe siècle pour acheminer l'eau du fleuve la Têt et dont dépendent 3 000 hectares de terres agricoles. La "rénovation des réseaux d'eau potable sur des secteurs vétustes et fuyards à Ille-sur-Têt" est le septième projet.

Des travaux contre les fuites d'eau potable

Christophe Béchu a également évoqué un soutien de l'Etat à des "chantiers incontournables". L'accessibilité à l'eau potable, d'abord, alors que "le taux de perte est au-dessus de la moyenne nationale" dans les Pyrénées-Orientales. "Une cinquantaine de communes sont sous surveillance sur les 226 du département" et douze d'entre elles "sont d'ores-et-déjà privées d'eau potable de manière totale ou partielle", a souligné le ministre. Pour neuf de ces communes, "les taux de fuite sont supérieurs à 50%" et "nous allons prioritairement engager des travaux", avait-il déclaré plus tôt à L'Indépendant.

Christophe Béchu a par ailleurs souhaité "mieux piloter les prélèvements d'eau", évoquant des "forages non déclarés". "On ne peut pas continuer à forer sans autorisation, sans partage de l'eau", a-t-il défendu. Il s'est donc dit en faveur d'une généralisation des compteurs de télérelève, qui permettraient de connaître les consommations en temps réel. Le plan prévoit ainsi de "régulariser les forages" et de "maintenir l'interdiction [de nouveaux] forages" d'ici là. 

Le financement de plusieurs études de projets d'avenir

Le plan évoque aussi de cofinancer des études. Une première, d'ici fin 2025, portera sur l'opportunité de prolonger jusqu'à Perpignan l'aqueduc Aqua Domitia. L'ouvrage, qui irrigue déjà les terres arides de l'Hérault et de l'Aude avec de l'eau du Rhône, s'arrête aujourd'hui à Narbonne. La deuxième concerne la "sécurisation des usages de l'eau sur le territoire de la Têt aval, du barrage de Vinça jusqu'à la retenue de la Raho", peut-on lire. Et enfin, l'Etat soutiendra le dossier en cours de "création d'un réseau d'irrigation dans les Aspres" pour un usage agricole et des mesures de sécurité incendie. 

Une évolution tarifaire

Le prix de l'eau va "bien sûr" augmenter dans les Pyrénées-Orientales, a aussi prévenu le ministre de la Transition écologique. Aujourd'hui, le prix moyen dans le département est de 3,39 euros/m³, décrit le plan, soit "25% inférieur à la moyenne nationale", a complété Christophe Béchu. Mais face à "un réseau défaillant et dans lequel il n'y a eu globalement pas suffisamment d'investissements au cours des dernières années", le ministre défend un rééquilibrage.

"Il faut comprendre que ça peut sembler une somme qui est faible, parce qu'on discute de quelques euros par foyer et par an. Mais à la fin, ces euros-là sont ceux qui permettent d'aller rembourser les emprunts que vous faites sur des longues périodes et ils vous permettent d'investir sur le réseau." Selon lui, cette augmentation de tarifs évitera ainsi "à terme de se retrouver avec des coupures ou avec des difficultés".


Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.