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Pic de froid : les raisons d'une surconsommation électrique, "une spécificité française"

En cette période de grand froid, le chauffage électrique est désigné comme une cause de surconsommation. L'énergéticien Thierry Salomon explique, mercredi sur franceinfo, que la faute revient plutôt à la mauvaise isolation des logements.

Article rédigé par franceinfo
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Une personne monte le niveau du radiateur, le 3 février à Lille. (Photo d'illustration) (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La vague de froid qui touche la France fait grimper la consommation d’électricité en flèche. C’est beaucoup moins le cas dans les autres pays européens. La faute reviendrait aux chauffages électriques. Pour Thierry Salomon, énergéticien, fondateur et vice-président de l’association négaWatt,  "il ne faut pas diaboliser l’électricité", a-t-il expliqué, mercredi 18 janvier sur franceinfo.

franceinfo : Est-ce une spécificité française ce pic de consommation dès que l’on perd un ou deux degrés ?

Thierry Salomon : Lorsqu’en hiver la température perd un degré, il faut augmenter la production d’énergie de 2 400 mégawatts. Autrement dit, avoir deux réacteurs, à deux réacteurs et demi en plus. Si la température baisse de deux degrés, cela représente donc 5 réacteurs. Ce n’est pas le cas dans la quasi-totalité des autres pays européens. C’est une spécificité française qui représente la moitié de la demande européenne. Cette sorte d’exception française, dont on se passerait bien, est due à des choix historiques faits dans les années 1980. Le choix a été fait d’avoir une puissance nucléaire surdimensionnée par rapport à ce qu’il faudrait.

N’y aurait-il pas un paradoxe entre les incitations aux éco gestes et l’installation de chauffage électrique ?

L’électricité est une source d’énergie formidable. C'est certainement la plus utile. Elle permet de tout faire, comme la mobilité électrique, l'éclairage et tant d'autres. Laisser faire l’effet Joule, c’est-à-dire du chauffage, c’est dégrader une énergie noble. On peut l’utiliser d’une manière beaucoup plus intelligente avec les pompes à chaleur notamment. Il faut noter que certaines fonctionnent sur l’air extérieur par très grand froid et ne servent plus à grand-chose.

Depuis les années 1975, nous n’avons pas mis notre parc de logements au niveau d’isolation qu’il fallait. Si on avait effectué un grand programme de rénovation de logements, depuis les années 1990, le problème ne se poserait pas. Autrement dit, au lieu d’avoir comme maintenant de l’ordre de 90 000 mégawatts à fournir, on n’aurait plus que 60 à 70 mégawatts.

Comment inverser cette tendance ?

On a 17 millions de logements à rénover. Cependant, la rénovation des logements, préconisée par l’association négaWatt, est un formidable programme de développement pour notre pays. Si vous envisagez un très grand programme de rénovation de logements et de rénovation en matière d’isolation des logements vous obtenez un quadruple bénéfice. C’est un bénéfice pour les consommateurs au niveau de leurs factures énergétiques. Je rappelle qu’il y a six millions de personnes en situation de précarité énergétique.

C’est un bénéfice au niveau de l’emploi sur le territoire par des petites entreprises. C’est également un bénéfice pour l’État. La facture énergétique de 60 milliard d’euros peut être considérablement réduite. Nous importons en ce moment-même de l’électricité faite à partir du charbon et du gaz sans compter les centrales françaises. Enfin, c’est un bénéfice pour le climat. Nous devons réduire de façon considérable nos émissions de CO2.

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