Pourquoi la pollution de l'air est aussi nocive que le tabagisme passif pour votre santé
Une nouvelle étude sur les particules fines menée à Paris compare l'air de la capitale à une pièce pleine de fumeurs. Une image choc, mais pas fausse pour autant.
Le 13 décembre 2013, l'air de Paris était aussi pollué que celui d'une pièce de 20 m² occupée par huit fumeurs. C'est l'image choc utilisée lundi 24 novembre par les auteurs d'une nouvelle étude sur la pollution parisienne. A l'aide d'un laser installé sur le ballon de Paris, Airparif et le laboratoire LPC2E du CNRS ont étudié pendant dix-huit mois une gamme de particules fines jamais mesurée jusqu'alors : celles comprises entre 0,2 et 1 µm (micromètre). Avant l'installation de cet appareil, Airparif ne mesurait que les particules supérieures à 2,5 micromètres (PM2,5) et 10 micromètres (PM10).
Résultat, lors du pic de pollution du 13 décembre 2013, 6 millions de ces particules très fines flottaient dans l'air. "C'est l'équivalent de la teneur en particules dans une pièce de 20 m² ou se trouvent huit fumeurs", explique au Parisien Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS et auteur de l'étude.
Si l'image peut paraître choquante, elle résume bien l'impact de la pollution de l'air. Francetv info vous explique pourquoi.
Parce que les particules ne sont pas si différentes
Contacté par francetv info, Jean-Baptiste Renard précise son image. "C'est une analogie en nombre du nombre de particules comptées, explique le chercheur. Les particules sont forcément différentes les unes des autres. Une particule issue d'un moteur diesel n'est pas exactement la même qu'une particule issue d'un chauffage au bois ou d'une cigarette."
Les particules varient également d'un type de cigarette à l'autre. Mais cette différence est toutefois à relativiser. "Dans toutes ces particules, il y a du carbone. Et c'est le carbone qui pose problème pour la santé", observe le chercheur basé à Orléans (Loiret).
Parce que l'exposition est la même
Que vous soyez enfermé dans une pièce de 20 m² ou en train de vous promener dans les rues de Paris, la quantité de particules ingurgitées à chaque respiration ne dépend que d'une chose : votre rythme respiratoire. "Lors d'un pic de pollution, il n'y a pas de vent pour brasser l'air extérieur", observe Jean-Baptiste Renard. Paris devient alors un gigantesque fumoir non aéré.
Parce que les effets sur la santé sont comparables
Différence de nature minime, exposition similaire… Les effets sur la santé du tabagisme passif et ceux de l'air pollué sont par conséquent "proches", estime Jean-Baptiste Renard. "Ces particules vont passer dans le sang, qu'elles soient issues du tabac, de la pollution ou d'un steack trop cuit", ajoute-t-il.
Une fois dans le sang, ces particules ont un effet connu : elles accroissent les risques de développer des maladies respiratoires (comme l'asthme) et cardiovasculaires (comme l'infarctus). Selon l'étude Aphekom de 2011, à l'âge de 30 ans, un Parisien a perdu en moyenne 5,8 mois d'espérance de vie à cause de la pollution, un Marseillais 7,5 mois et un Lyonnais 5,7. "Il ne faut pas aller trop loin dans la généralisation avec le tabac, mais nous ne sommes pas sur des effets très éloignés", conclut Jean-Baptiste Renard.
S'il fait les mêmes dégâts que le tabagisme passif, l'air pollué ne rivalise pas avec le fait de fumer une cigarette. "Là, il s'agit d'une autre chose, vous avalez des quantités monstrueuses de particules", explique le chercheur du CNRS. Un avis partagé par l'auteur du blog My Health Beijing (en anglais), un médecin installé à Pékin que francetv info avait rencontré en janvier. Selon ses calculs, un jour moyen de pollution dans la capitale chinoise, beaucoup plus polluée en moyenne que Paris, équivaut à fumer un sixième de cigarette. Pour Richard Saint-Cyr, "fumer est de loin beaucoup, beaucoup plus dangereux que l'air de n'importe quelle ville du monde".
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