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Pollution : la circulation alternée "limite les dégâts, mais ne résout pas le problème"

La journée de circulation alternée imposée à Paris et en proche banlieue mardi a eu un impact très faible sur la pollution. Certains spécialistes prônent des solutions plus radicales.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le quartier de la Défense, près de Paris, sous un nuage de pollution, le 5 décembre 2016.  (FRANCK FIFE / AFP)

Un épisode exceptionnel par sa longévité, et rare en cette période. La circulation alternée sera reconduite jeudi 8 décembre à Paris et dans 22 communes de la petite couronne, pour le troisième jour consécutif, afin d'infléchir le pic de pollution aux particules fines. L'Ile-de-France n'est pas la seule région concernée : Lyon et Villeurbanne passeront pour la première fois à la circulation alternée à partir de vendredi.

Est-ce la bonne réponse à cet épisode de pollution ? Selon Airparif, l'association de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, la circulation alternée a eu un impact très faible mardi à Paris et dans sa proche banlieue, car la consigne a été trop peu suivie par les automobilistes. Airparif a constaté une baisse de seulement 5 à 10% des émissions dues au trafic routier, contre une baisse de 18% en mars 2014, lors d'une précédente journée de circulation alternée.

"La pollution continue de s'accumuler"

"L'épisode que nous connaissons actuellement est lié au trafic routier et au chauffage au bois, explique à franceinfo Charlotte Songeur, ingénieure à Airparif. Il faut donc agir sur ces deux phénomènes pour espérer réduire la pollution." "Comme il n'y a pas de vent, ce sont des sources extrêmement locales qui stagnent à l'endroit où elles ont été émises et s'accumulent", constate Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS.

Pour ce spécialiste de la pollution aux particules fines, la circulation alternée est un "sujet polémique". "Cela ne fait pas de mal, ça limite les dégâts et ça évite d'empirer la situation, mais ça ne résout pas les problèmes. La pollution continue de s'accumuler à un niveau très fort", estime Jean-Baptiste Renard. Lorsqu'elle a été respectée en 2014, la circulation alternée a permis de réduire jusqu'à 20% la pollution à certains moments de la journée, près du périphérique parisien, selon Airparif. "Un impact positif, surtout pour les populations qui vivent près des axes routiers et qui sont les plus exposées", rappelle Charlotte Songeur.

Réduire ses déplacements en travaillant chez soi

Peut-on imaginer des solutions plus radicales que la circulation alternée ? Pour Jean-Baptiste Renard, "si on veut vraiment stopper la pollution", il faut arrêter toutes les activités (déplacements, travail...) et interdire la circulation de tous les véhicules, y compris les transports en commun. Le chercheur cite l'exemple d'une "énorme tempête de neige paralysant toute activité" : "Les gens resteraient chez eux le temps que cela passe." 

Une solution extrême quasi impossible à mettre en place. De façon plus réaliste, Jean-Baptiste Renard encourage le recours au télétravail. "Les gens ne prennent pas leur voiture par plaisir, ils vont travailler, ajoute-t-il. Par ailleurs, les zones d'habitation sont de plus en plus éloignées des lieux de travail. Travailler chez soi est donc une solution à privilégier pour diminuer ses déplacements."

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