Météo : la pluie de ce week-end ne va pas régler le problème de la sécheresse
Si les pluies de ce week-end soulageront certaines régions touchées par la sécheresse, elles ne permettront pas de rattraper le déficit accumulé depuis le début de l'année.
Elle arrive. Après s'être fait désirer tout au long d'un été sec et caniculaire, la pluie va faire son retour dans l'Hexagone. Météo France prévoit quelques (grosses) averses du 20 au 21 septembre. "Tout le monde devrait avoir le droit à de la pluie ce week-end", commente pour franceinfo Frédéric Nathan, prévisionniste au sein du service de météorologie. "C'est un phénomène assez classique à cette période de l'année, avec un talweg (creux barométrique), qui se rapproche par l'ouest, associé à une perturbation, qui va traverser le pays d'ouest en est", développe-t-il.
Concrètement, le talweg va favoriser "un flux de Sud" en Méditerranée, avec des "pluies marquées" type "épisode cévenol" sur toutes les régions du golfe du Lion. Les précipitations pourront atteindre 200 mm sur les hauteurs et 100 mm en plaine. "Tout cela reste à affiner. Ces épisodes cévenols sont toujours délicats à apprécier", tempère Frédéric Nathan.
Les averses ont débuté samedi matin, avant de s'intensifier dans la journée. Il tombera beaucoup moins d'eau sur le reste du pays. "Les pluies arriveront par l'ouest, principalement dimanche, avant de glisser vers l'est du pays dans la nuit de dimanche à lundi", poursuit notre prévisionniste. Environ 10 à 20 mm de pluie sont attendus, jusqu'à 30 à 50 localement.
Un répit pour la végétation
Cette pluie tant espérée par les agriculteurs suffira-t-elle à sortir le pays de la sécheresse ? Non, bien que 88 départements soient concernés par des restrictions d'eau au 19 septembre. "Nul doute que cela va faire beaucoup de bien, mais cela ne compensera pas totalement le déficit que l'on relève depuis le début de l'année", estime Frédéric Nathan.
Certaines régions méditerranéennes devraient cependant rattraper une partie de leur retard. "A Béziers, il n'est tombé que 112 mm depuis le début de l'année, contre 345 mm normalement. Cela pourrait être en partie compensé", estime-t-il. A l'inverse, la ville de Guéret (Creuse), dont l'approvisionnement en eau potable est menacé, accuse un déficit de 296 mm. "Ils ne vont pas tomber ce week-end", prévient Frédéric Nathan.
Florence Habets, hydrométéorologue et directrice de recherche au CNRS, précise l'impact de ces pluies. "Ce sera parfait pour la végétation et il faut s'en réjouir parce qu'en ce moment, elle souffre. Cela va lui permettre de reprendre un peu de vigueur", explique-t-elle. Les éleveurs de bétail, qui n'ont plus d'herbe à donner à leurs bêtes, devraient bénéficier d'une repousse des prairies. "Mais pour la ressource en eau, cela ne sera pas important. Il faudrait que cela dure un petit peu pour recharger les sols et les nappes", poursuit Florence Habets. Dans une note publiée début septembre, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) constatait que "les niveaux des nappes se situent généralement en dessous des niveaux moyens des mois d’août" et que "la plupart des niveaux diminuent".
Etat des #NappesPhréatiques au 1er septembre 2019 :
— BRGM (@BRGM_fr) September 16, 2019
les niveaux diminuent et sont globalement très inférieurs à ceux de 2018
seules certaines nappes réactives, Sud #Vendée, #Adour et #Corse, ont bénéficié des pluies d’août
➡️https://t.co/2sdUxlcOLx#EauxSouterraines pic.twitter.com/DPg6gkCYOF
Son auteure, l'hydrogéologue Violaine Bault, invoque "le principe du pot de fleurs" pour expliquer pourquoi la pluie de ce week-end n'arrivera pas jusqu'aux nappes. "Si vous ne l'avez pas arrosé des vacances et que vous mettez un litre d'eau, votre pot déborde. C'est la même chose quand vous avez un sol trop sec. Une croûte de battance se forme à la surface et l'eau ne s'infiltre pas", détaille-t-elle pour franceinfo. De fortes pluies type épisode cévenol auront ainsi plutôt tendance à ruisseler. Voilà pour le principe général. Dans la pratique, certaines petites nappes, dites "réactives" car situées à faible profondeur et dans des sols à la géologie plus perméable, pourraient profiter de cette pluie pour se recharger un peu.
Pas de recharge efficace des nappes avant 2020
Mais, pour bien reconstituer les stocks d'eau souterraine, il faudrait un épisode pluvieux plus long et plus tardif dans la saison. "Il faut qu'il pleuve en automne et en hiver, quand la végétation est en dormance et capte moins d'eau, c'est-à-dire à partir de fin octobre. Question quantité, il vaut mieux une pluie fine pendant plusieurs jours que des orages violents", explique Violaine Bault. Une telle pluie n'est pas pour tout de suite, selon les prévisions à trois mois consultées par Florence Habets : "Il n'y aura pas de recharge efficace avant 2020. Nous allons rester en dessous de la normale et le déficit ne devrait pas se résorber avant la fin de l'année."
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