: Reportage "C'est un combat" : cinq mois après les inondations dans le Pas-de-Calais, le casse-tête des sinistrés pour revendre leur maison
Cinq mois après les inondations dans le Pas-de-Calais, les habitants les plus lourdement sinistrés continuent leur parcours du combattant administratif. Pour ceux qui ont vu l’eau envahir leurs habitations à trois reprises - deux fois en novembre, puis en janvier - le choix est limité : partir ou subir. Mais leur bien a perdu énormément de valeur suite aux intempéries. Depuis le 23 janvier, l’État propose de racheter leur maison dans le cadre du fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit "fonds Barnier". Mais pour y prétendre, il faut remplir toute une série de conditions, ce qui parfois s’apparente à un casse-tête.
Dans une impasse à Blendecques, au pied des jardins, la rivière Aa n’a épargné aucune maison, une dizaine en tout. Sur une porte de garage, le ras-le-bol s’exprime, on peut lire : "Attention rue très dangereuse, inondations à répétition, 6 novembre / 10 novembre / 3 janvier".
Vincent Maquignon est installé ici depuis 2002 et membre du collectif Inond’Aa, ainsi qu'adjoint à la mairie de Blendecques. "Partir d'ici, c'est un arrachement, mais nous, on veut se mettre en sécurité. On veut mettre femmes et enfants en sécurité", lance-t-il. La seule porte de sortie, c'est le rachat des maisons par l'État. "Pour atteindre le fonds Barnier, il faut obtenir 50% de la valeur vénale de la maison en travaux. Si une maison vaut 200 000 euros, il faut obtenir 100 000 euros de travaux de dégâts et l'État mettra les 100 000 euros restants.
"Quand on voit la lenteur de nos experts pour répondre à nos dossiers, ça a été une catastrophe. Moi j'ai eu mon chiffrage il y a huit jours."
Vincent Maquignon, adjoint à la mairie de Blendecquesà franceinfo
Vincent Maquignon a monté son dossier, qui fait partie des 17 déposés jusqu’à présent à la préfecture du Pas-de-Calais. Sur le papier il est éligible au rachat mais le chemin n’est pas fini, car il faut mener une nouvelle expertise, cette fois avec les services de l'État. Et attendre, encore : "C'est un combat", souffle-t-il.
Plusieurs mois de délai
Quelques maisons plus loin, une voisine est épuisée. "Je n’ai pas dormi cette nuit parce que j'ai encore une mauvaise nouvelle. L'expert ne joue pas le jeu pour l'instant, il ne veut pas prendre le carrelage en compte, alors qu'on a eu plein de champignons. Donc on n'arrivera pas aux 50% pour le moment." Elle n'est donc pas éligible pour pouvoir revendre sa maison à l'État. Elle se dit "fatiguée, toujours à se battre."
Il reste une solution selon Joël Duquenoy, président de la Capso, la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer. "Nous pouvons racheter ces maisons. L'assurance paie sa contribution, le reste à charge est pris à moitié par l'État et à moitié par la communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer." Mais selon la Capso, il faudra sans doute plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour étudier ces dossiers.
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