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"On ne pouvait rien faire" : un restaurateur allemand a assisté, impuissant, à la noyade de trois femmes, emportées par les eaux

À Euskirchen, une ville de 57 000 habitants au sud de Cologne, au moins 20 personnes ont péri dans les inondations du 15 juillet. Sur place, les habitants sont traumatisés par les images de chaos qui ne cessent de tourner dans leur tête.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un bus gît en travers d'une route totalement submergée par l'eau et la boue à Euskirchen, en Allemagne, le 16 juillet 2021. Derrière lui, un engin de chantier tente de dégager la route.  (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Après les inondations meurtrières des jeudi 15 et vendredi 16 juillet, qui ont fait plus de 150 morts, dont la grande majorité en Allemagne, les secours recherchent toujours des disparus dans les zones sinistrées. À Euskirchen, ville de 57 000 habitants au sud de Cologne, au moins 20 personnes ont péri.

Le traumatisme est présent dans l'esprit des rescapés qui ont parfois assisté, impuissants, à la montée des eaux et à la noyade de victimes. Les images repassent ainsi en boucle dans la tête de Franco. Comme un cauchemar sans fin dans lequel ce restaurateur de 32 ans est enfermé. "Ça fait deux jours que je ne dors plus !", raconte-t-il.

"Je repense aux hurlements que j'ai entendus, aux images que j'ai vues. Il n'y a pas pire. C'est dans la tête et ça ne veut plus sortir."

Franco, restaurateur à Euskirchen

à franceinfo

Il a assisté à la noyade de trois femmes emportées par les eaux, à une dizaine de mètres à peine de son restaurant. "C'était juste devant, on a tout entendu, mais on ne pouvait rien faire, car l'eau était à deux mètres de nous", détaille-t-il. "C'était comme à la guerre. Il y avait peu de chances de survie. Elles se sont noyées et personne n'a pu les aider. On était pas prêt pour ça. On s'attendait à un peu d'eau, mais certainement pas à ça."

"On est complètement dépassés"

Pour éviter de trop penser, le jeune restaurateur s'occupe. Mais il redoute les semaines, les mois à venir. "On pense qu'on peut gérer la situation, mais on est complètement dépassés", explique-t-il.

"Chacun est content d'avoir survécu mais comment vivre ? C'est la grande question, je ne sais pas comment je tiens encore."

Franco, restaurateur à Euskirchen

à franceinfo

En face du restaurant de Franco, le parking souterrain est encore rempli d'eau. Comme un rappel cruel de ce que le jeune homme a vécu. "Nous savons que des gens sont piégés dans les sous-sols, dans leur voiture", s'inquiète-t-il. "Peut-être qu'il y a des amis à moi, des connaissances. Je n'en sais rien." Le restaurateur a perdu tout son matériel dans les inondations. Mais le jeune homme s'en moque. Ce n'est pas son sort qui l'intéresse.

Impossible de rassurer la famille

Pour ceux qui recherchent des proches, l'angoisse monte au fur et à mesure que le temps passe. Privés de moyens de communication, réseaux téléphoniques coupés, les habitants ne peuvent pas donner ou prendre de nouvelles.

Silvia, 69 ans, explique avoir été "complètement coupée du monde. Pendant deux jours, je n'ai pas pu joindre mes proches et les rassurer. Ma mère a 98 ans, et elle a passé ses journées devant sa télévision. Elle était désespérée, elle a beaucoup pleuré parce qu'elle ne recevait aucun signe de vie de notre part. J'ai enfin pu l'appeler il y a quelques heures et la tranquilliser un peu."

Le nombre de disparus diminue peu à peu, mais souvent, cette baisse vient allonger la liste des victimes. Les secouristes retrouvent régulièrement des corps sans vie dans les caves, les sous-sols, et des automobilistes piégés dans leur voiture par la brutale et rapide montée des eaux. L'Allemagne fait face à sa pire catastrophe naturelle de l'après-guerre.

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