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Les inondations et les crues sont-elles une bonne nouvelle pour les nappes phréatiques ?

Pour le savoir, franceinfo a interrogé Delphine Allier, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières.

Article rédigé par Benoît Zagdoun - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La Seine en crue à Paris, le 28 janvier 2018. (JOEL SAGET / AFP)

A Paris, la crue est finie. La Seine a atteint 5,85 m, lundi 29 janvier, loin des 6,10 m de 2016 et des 8,62 m de 1910. Mais la décrue s'annonce lente. Toute cette eau va-t-elle profiter aux nappes phréatiques, alors qu'environ deux tiers d'entre elles (64%) présentaient un niveau "modérément bas à très bas", selon un bilan au 1er janvier ? Pour le savoir, franceinfo a interrogé Delphine Allier, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières.

Franceinfo : Les nappes phréatiques sont-elles en train d'absorber les crues ?

Delphine Allier : On constate une belle recharge, mais elle n'est pas généralisée et la situation reste assez contrastée. Selon les types de roches, la dynamique est en effet plus ou moins lente. Les sables stockent beaucoup plus d'eau que les craies et les calcaires, et dans les sols argileux, il n'y a pas du tout d'infiltrations.

Après les crues, le niveau des nappes devrait rester haut et il pourrait encore remonter si les précipitations se poursuivent en février et mars.

Delphine Allier

à franceinfo

Par endroits, les crues et les inondations sont donc bénéfiques pour les nappes phréatiques. Habituellement, celles-ci ont un effet tampon et permettent d'absorber l'eau après les crues. Elles ont donc un rôle globalement positif sur les inondations. Mais quand le niveau des nappes est déjà très haut, celles-ci "tamponnent" moins. Là où elles sont déjà gorgées d'eau, la décrue va donc être très lente.

Certaines nappes phréatiques gorgées d'eau risquent-elles de provoquer à leur tour des inondations ?

Sur nos points de mesures, le niveau des nappes est globalement en augmentation, parfois lentement, parfois rapidement et à des niveaux très importants, selon la porosité et la perméabilité des sols, mais le niveau moyen n'est pas inquiétant. En Ile-de-France, par exemple, les nappes phréatiques alluviales, proches des cours d'eau, sont à des niveaux très hauts, mais elles devraient baisser mécaniquement avec la décrue. Au sud de Paris, dans les sols calcaires, la remontée du niveau des nappes est très lente, mais on atteint des niveaux normaux pour cette période de l'année. Dans la Marne, l'Yonne, la Champagne, vers Nemours ou Provins, en revanche, les niveaux sont très hauts et dépassent ceux de la crue de juin 2016.

Les effets de ces crues et de ces inondations sur les nappes phréatiques vont-ils durer ?

Les nappes ont souvent un cycle annuel de recharge et de vidange. Leur niveau monte doucement, jusqu'en mars ou avril. Ensuite, ils baissent quand les précipitations deviennent moins importantes et que les pompages augmentent en été. Mais par endroits, cette mécanique s'étale sur plusieurs années. Dans des sols crayeux ou calcaires, les infiltrations d'eau sont très lente et il peut s'écouler un an, voire deux ou trois, avant que les eaux de pluie ne rejoignent le sommet de la nappe.

Dans ces cycles pluriannuels, les nappes mettent beaucoup de temps à monter et redescendre. Les effets des inondations et des crues se voient donc sur le long terme.

Delphine Allier

à franceinfo

Sur ces réservoirs-là, l'inertie est très forte. Il faut une succession de plusieurs années pluvieuses pour constater un débordement de la nappe. C'est ce qu'on a observé en 2001 dans la Somme. On est peut-être dans un cycle d'années pluvieuse. Il y a eu beaucoup de pluies en 2016, avec des crues et des inondations en juin. Et de nouveau, l'hiver 2017-2018 est pluvieux. Mais à l'inverse, on a des étés qui restent assez secs.

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