Grandes marées : en Charente-Maritime, pêcheurs et prévisionnistes scrutent l'océan
En Charente-Maritime, comme sur le reste du littoral atlantique, les coefficients de marée sont très élevés, du vendredi 20 au dimanche 22 février.
"Il faut être fou quand même pour venir dans ces conditions", s'amuse Jean-Claude. La météo ne fait pas de cadeaux aux pêcheurs à pied de Châtelaillon (Charente-Maritime), vendredi 20 février. La pluie ne cesse de tomber. Le vent s'y met aussi. Les coefficients, de 118 sur une échelle allant jusqu'à 120, sont exceptionnels : jusqu'à dimanche, ce sont les grandes marées sur le littoral atlantique. Quand la marée est basse, des kilomètres de plage se découvrent.
L'occasion rêvée pour les amateurs de coquillages de mettre les mains dans le sable.
Emmaillotée dans son imperméable bleu, Marie-Claire regarde avec dépit son seau vide : "On est trempés, on a froid, en plus on n'a rien trouvé."
Un peu plus loin Bernard et Robert s'en vont le pas léger. Et pour cause, les deux comparses tiennent deux paniers débordant d'huîtres. De la chance ? "Non du talent, corrige Bernard. Je viens exprès de Charente pour les grandes marées."
Les stigmates de Xynthia
A quelques encablures de là, eux partent aussi à la pêche. Les prévisionnistes de la station de Météo-France de La Rochelle guettent scrupuleusement le ciel et leurs écrans. Grandes marées obligent, les pouvoirs publics et les médias sont à l'affût des derniers bulletins météo, nous explique Michel Hontharred, directeur de la station de Météo-France de La Rochelle. Ici, la tempête Xynthia de 2006 a laissé des traces.
"Depuis Xynthia, on a ajouté le critère vague-submersion à nos vigilances. Une vigilance orange a des conséquences importantes. Des parkings, des promenades sont interdits d'accès, il faut avertir la population. En cas de vigilance rouge, il y a même des mesures d'évacuation", détaille Michel Hontharred.
Mais, vendredi, la situation est calme malgré les forts coefficients de marée. Le littoral est en jaune. "C'est la conjonction des vents et des marées qui peut être inquiétante. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas", assure-t-il. La situation devrait même s'améliorer ce week-end et le littoral devrait passer au vert progressivement.
Protéger les habitations
En attendant, il faut se mettre au travail. Il est 14 heures, l'heure de la conférence marine téléphonique pilotée par le siège de Météo-France à Toulouse. "Cherbourg, vous êtes là ? La Rochelle, c'est bon aussi ?". La réunion commence par un appel de tous les centres de la côte de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). On discute des prévisions et on élabore les fameuses cartes de vigilance. Le ton est rassurant.
Ces grandes marées sont conformes à ce qui était attendu. Tout semble sous contrôle. A La Rochelle, en pleine mer vendredi soir, l'eau devait être surélevée de 34 cm, pendant la tempête Xynthia, elle l'était de 1,50 m. Pour ne pas oublier, des arbres ont d'ailleurs été peints en bleu rappelant ainsi le niveau de la mer lors de cet épisode. La municipalité de La Rochelle prévoit des aménagements afin de protéger les habitations en cas de nouvelle catastrophe.
Sur l'île de Ré (Charente-Maritime), des leçons ont également été tirées. La commune d'Ars-sur-mer s'est équipée de barrages gonflables afin de limiter les inondations en cas de submersion marine. La fin de journée approche et la mer est remontée. A certains endroits de l'île, des sacs de sable ont été entreposés afin d'empêcher les promeneurs d'accéder à la plage.
La pluie est toujours battante. Le vent n'accorde aucun répit. Mais les vagues restent assez calmes. Quelques voitures s'arrêtent pour scruter la houle. Rares sont ceux qui en sortent. C'est vrai, Jean-Claude a raison, il faut être un peu fou pour sortir dans ces conditions. Samedi, la marée est à nouveau très basse et Météo-France prévoit peut-être quelques éclaircies. Une aubaine pour Jean-Claude et ses acolytes.
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