Températures records : "Les végétaux sont désorientés", explique un agroclimatologue
"Cette accumulation de phénomènes que l'on a depuis cinq ans désoriente les végétaux", a expliqué lundi 2 octobre sur franceinfo Serge Zaka, docteur en agroclimatologie. Après une chaleur déjà historique en septembre, la France a enregistré dimanche 1er octobre des températures inédites pour un mois d'octobre, avant un pic lundi 2 octobre qui pourrait établir de nouveaux records selon Météo-France.
franceinfo : Combien de records ont été battus ces derniers jours ?
Serge Zaka : Il est tombé plus de 320 records mensuels à travers le sud de la France. Il y a certains records, comme celui d'Aurillac, qui sont tombés de plus de quatre degrés, on a donc battu d'anciens records de plus de quatre degrés. Des stations installées en France depuis 1885 ont battu leur record de plusieurs degrés. Cela montre bien le phénomène que l'on est en train de vivre en octobre et qu'on a vécu en septembre et fin août.
Est-ce qu'il y a des zones géographiques plus concernées que d'autres ?
Toute la France est concernée par la douceur, après, ce sont les zones du Sud-Ouest qui sont concernées par ces records et la chaleur remonte légèrement vers le Nord aujourd'hui. La journée d'aujourd'hui pourrait atteindre les 35 degrés du côté des Landes, 34 degrés du côté de Bordeaux. C'est encore plusieurs degrés au-dessus des records. Mais en général, c'est toute la France qui est concernée par la douceur depuis quelques mois.
Est-ce que le mois d'octobre va être doux aussi ?
Pour l'instant, la douceur devrait continuer à remonter vers le Nord. Il y a des risques que les 30 degrés soient atteints de nouveau le week-end prochain, mais c'est encore trop tôt pour le confirmer. Par contre, on ne va pas vers une descente d'air froid comme on peut l'avoir habituellement.
Est-ce que cela est inquiétant ?
Si on isole le mois d'octobre et son impact sur les végétaux, on peut dire qu'il n'y aura pas de très grosses conséquences. Par contre, il faut regarder la fréquence de ces évènements et la durée dans le temps. Depuis le mois d'août, on enchaîne les records de chaleur, plusieurs centaines en août et plusieurs centaines en septembre. On a comme une prolongation de l'été qui fait que les végétaux sont désorientés. C'est cette accumulation de phénomènes hydriques et thermiques que l'on a depuis cinq ans qui désoriente les végétaux.
"On peut observer des floraisons de cerisiers en plein milieu de l'automne"
Serge Zaka, docteur en agroclimatologieà franceinfo
C'est cette accumulation qui fait que les végétaux se fatiguent, ne rentrent plus en dormance hivernale suffisamment tôt pour se reposer et cela entraîne à terme la mort végétale. 45,1 % des forêts étaient concernées par de la mort végétale en 2019, notamment dans le Nord-Est de la France, avec des arbres qui souffrent, notamment le bouleau, le hêtre ou l'épicéa. La mort végétale, c'est que peu à peu le végétal souffre avec ces évènements et au bout d'un moment, il n'est pas assez puissant pour faire face aux maladies et en général, c'est une maladie qui achève les écosystèmes.
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