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Météo : record de chaleur en septembre, les arbres et végétaux "ne sont pas faits pour ça", alerte un spécialiste

Il n'a jamais fait aussi chaud lors d'un mois de septembre en France : celui de cette année a été marqué par des températures d'au moins 3,5°C au-dessus des normales de saison, selon Météo France. Une situation qui a des conséquences sur la faune et la flore.
Article rédigé par franceinfo
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Le jardin forêt de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), à Paris. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Avec des températures "entre 3,5 et 3,6°C" au-dessus des normales de saison selon Météo France, le pays n'a jamais connu un mois de septembre aussi chaud. Or, les organismes des arbres et des végétaux "ne sont pas faits pour ça" alerte, vendredi 29 septembre sur franceinfo, Marc-André Selosse, microbiologiste et écologue, professeur au Muséum national d'histoire naturelle. 

Franceinfo : Cette chaleur inhabituelle déboussole-t-elle la nature ?

Marc-André Selosse : Évidemment. Vous savez, les organismes sont habitués à ce qu'ont vécu leurs parents. Leurs parents ont été sélectionnés dans certaines conditions, et eux se sont adaptés. Là, vous les mettez complètement "hors nature", ce sont des conditions extraordinaires, pas habituelles. On pourrait dire "c'est bien, parce qu'il fait bon, les arbres sont verts". Mais ils ne sont pas faits pour ça !

Comment cela se traduit ? Les arbres bourgeonnent, voire se remettent à fleurir ? 

Oui, tant qu'il fait bon, les arbres continuent à avoir des bourgeons qui débourrent. Il y en a même qui vont finir par se croire au printemps et vont pouvoir commencer à faire des fleurs. Certains cerisiers font ça, et ce sont autant de bourgeons qui ne feront plus de fleurs au printemps. Normalement, en ce moment, il commence à faire froid. Les jours raccourcissent. Les plantes pérennes, celles qui vivent plusieurs années, mettent en réserve dans leurs racines et se préparent à des jours froids. Là, on n'est toujours pas en train de se préparer à ça. Ce qui fait que si le froid nous rattrape, il y aura un crash pour certaines espèces. Il y en a qui continuent à faire des feuilles, alors que ce n’est plus le moment.

Est-ce que cela fatigue la végétation ?

C'est un peu dur de savoir exactement comment les plantes vont réagir. Elles continuent de faire de la photosynthèse, cela leur donne du sucre. Mais une plante n'a pas besoin que de sucre pour vivre, il faut de l'azote et du phosphate, or la ration d’azote et de phosphate qu'il y a dans le sol ne change pas. Donc cela change la composition des plantes, ce n’est pas une nourriture équilibrée. Et puis, les plantes ne vivent pas seules : il y a des champignons dans le sol, qui aident les racines à se nourrir, des pollinisateurs qui pollinisent. Il y a aussi des animaux qui dispersent les graines. Si tous ces organismes-là ne changent pas de mode de vie de la même façon, il y a des risques que les partenaires nécessaires à la vie des plantes ne soient pas là au bon moment. Cela les fragilise encore.

Quelle est l'incidence, par exemple, sur la vie, le rythme des insectes, et des parasites ?

On risque par exemple d'avoir des disperseurs de graines qui ne sont pas là au bon moment. Inversement, il faut aussi penser aux pathogènes : des champignons ou des insectes qui mangent les feuilles des plantes. Quand l'automne arrive, il n'y a plus grand-chose à manger. Puis, il fait froid et ils meurent massivement. Il y a une sorte de purge des pathogènes en automne et en hiver. Là, elle n'a pas commencé. 

Et cela met en danger des espèces et des essences ?

Oui, parce que finalement, elles finissent par ne plus forcément être capables de vivre à l'endroit où elles sont. Je rappelle qu'il n'y a pas que cette chaleur automnale. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le climat change globalement, il fait plus sec en été. La somme de tout, c'est qu'il y a des espèces qui ne savent plus très bien vivre là où elles vivaient, comme la vigne, par exemple. Et ça, c'est un enjeu important. Dans nos activités agricoles et forestières, nous devons accompagner autant que possible les espèces et faire migrer vers le Nord des espèces qui sont actuellement plus au Sud.

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