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Reportage "Planification écologique" : la Suède peut-elle devenir le modèle de la France pour viser la neutralité carbone ?

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Harmmaby Sjöstad est un quartier emblématique de Stockholm : il s'agit d'un "écoquartier", construit à partir de 1998, l'un des premiers du genre en Europe. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Si Emmanuel Macron a assurer vouloir nommer un futur Premier ministre plus "vert", à Stockholm, la "planification écologique" est mise en place depuis plusieurs années et a un impact sur la vie de tous les jours.

C'était l'un des axes majeurs de la campagne de réélection d'Emmanuel Macron : la promesse d'un futur chef du gouvernement directement chargé de "la planification écologique". L'idée est d'accéler la cadence en matière de réduction de gaz à effet de serre en France. Mais quelles est la méthode à suivre ? Il y a un pays où la planification écologique est en œuvre depuis longtemps : la Suède, dont l'objectif est d'atteindre la neutralité carbone dès 2045. 

>> C'est quoi la planification écologique, dont Emmanuel Macron veut charger son futur Premier ministre ?

Quelle est la méthode de ce pays de 10 millions d'habitants ? Un chose est sûre, là bas, les gestes écologiques sont entrés dans le quotidien des suédois. Et notamment à Harmmaby Sjöstad : il s'agit d'un quartier emblématique de Stockholm : un "écoquartier", construit à partir de 1998, l'un des premiers du genre en Europe. Avec plus de 10 000 appartements, regroupant quelques.25 000 habitants et beaucoup d'espaces verts, de canards ou d'oiseaux, ici, il ya peu de place pour garer une voiture. Mieux vaut avoir un vélo...

"On veut sauver le monde !"

Ces immeubles de quatre à cinq étages répondent aux normes de Haute Qualité Environnementale. Et cela se remarque, notamment, dans le local à poubelle. Marianne, 72 ans, qui vit ici depuis 16 ans, fait les présentations en train de trier ses déchets, non, sans une pointe d'ironie : "Il y a une poubelle pour le plastique, les cartons, le verre coloré, le verre transparent... Ici, le papier, et là les piles. Tout ça est supposé être utile. On veut sauver le monde ! Nous sommes de bonnes personnes. On a Greta Thunberg ! Mais nous sommes quand même volontaire en Suède...", sourit-elle.

Si Marianne joue le jeu volontiers, elle pense aussi à son porte-monnaie : "Je n'ai pas de voiture électrique, je ne peux pas me la payer. Mais je dois payer des sommes folles pour l'essence à cause des taxes."

Un Suèdois en train de trier ses déchets dans des bacs dédiés, le 10 mai 2022. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

"Ne pas prendre en otage les ressources naturelles des générations futures"

Parmi ces impôts, il y a la bien connue "taxe carbone". Si elle est appliquée en France depuis 2014 malgré les critiques, en Suède, elle a été mise en place dès 1991. Aujourd'hui, elle atteint la somme de 120 euros la tonne de CO2, l'un des montants les plus élevés au niveau mondial. L e ministère de l'environnement assure que la Suède a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 35 % entre 1990 et 2020, notamment grâce à l'utilisation massive d'énergies renouvelables pour alimenter le chauffage urbain. 

"Il y a une sensibilité à la question environnementale qui est profonde et ancienne. Peut-être un peu plus qu'en France", assure de son côté Loïc, 46 ans, un franco-suédois fonctionnaire en Suède. Il a été conseiller pendant une vingtaine d'années sur les questions d'environnement pour le gouvernement. Il rappelle que la planification écologique, vu de Suède, c'est avant tout une promesse. 

La Suède et la "planification écologique" : le reportage de Benjamin Illy

"Il y a l'objectif générationnel qui est de laisser, aux générations futures, un monde où les problèmes environnementaux sont réglés, ne pas prendre en otage les ressources naturelles des générations futures. C'est le but, loin devant, à l'horizon 2050. Divisé en seize objectifs environnementaux, telles que la biodiversité, la qualité de l'air, la qualité de l'eau, la couche d'ozone, qui sont eux mêmes divisés en objectifs d'étape. Cela nous permet de faire un suivi continuel de notre avancée ou pas. Par exemple, sur la biodiversité, sur la qualité de l'eau, notamment de la mer Baltique, là, on est peut être pas dans le rouge, mais on est dans l'orange très très prononcé."

Et là, aussi, pour mieux comprendre ce quotidien sous le signe de l'environnement, il faut descendre des poubelles. Dehors, face à une drôle de machine surnommé "sopsug", ou littéralement, "aspirateur à poubelles" : le sac d'ordures ménagères a donc disparu sous la surface de la rue. "Tout ça est recyclé. Certains vont faire du compost et d'autres produire du chauffage urbain et du gaz qu'on utilise aussi pour les transports. Du biogaz qui va ensuite servir à remplir des réservoirs des bus qui circulent en ville", assure Loïc.

Katarina Luhr, maire-adjointe de Stockholm en charge de l'environnement et du climat. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Katarina Luhr, maire-adjointe de Stockholm en charge de l'environnement et du climat, a appris qu'Emmanuel Macron voulait un Premier ministre chargé de la "planification écologique". Selon elle, le plus important est la "collaboration" : "En tant maire-adjointe, je pense qu'il est essentiel de collaborer. Les élus locaux trouvent des solutions et il faut co-gérer cela avec le gouvernement. Si on travaille ensemble, on trouve la meilleur façon d'utiliser l'argent public pour faire que les choses aillent plus vite. La clé, c'est la collaboration entre le national et les municipalités, mais aussi les citoyens", conseille-t-elle.

Et si la Suède a pour objectif d'atteindre la neutralité carbone dès 2045, à Stockholm, l'objectif est encore plus ambitieux : libérer la ville de toute énergie fossile dès 2040.

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