Quel temps fera-t-il cet été ? "Le scénario le plus probable est celui de températures plus chaudes que la normale"
Après un printemps plutôt chaud et ensoleillé, l'été devrait être marqué par des conditions anticycloniques, selon les prévisions de Météo France.
Des températures plus chaudes que la normale sur les trois quarts du pays, et un temps plus sec sur la moitié sud : voilà à quoi pourrait ressembler l'été en France, selon les prévisions à long terme de Météo France, publiées jeudi 28 mai. Le service officiel de météorologie et de climatologie précise toutefois qu'il ne prédit en aucun cas un été "caniculaire", contrairement à des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux. Christian Viel, climatologue à Météo France, détaille pour franceinfo ces prévisions saisonnières qui concernent la période juin-juillet-août.
Franceinfo : Pendant le confinement on a passé beaucoup de temps à la fenêtre et on s'est rendu compte qu'il faisait très beau… Un beau printemps préfigure-t-il forcément un bel été ?
Christian Viel : Le lien de cause à effet entre le printemps et l'été n'a rien de systématique. Il est vrai que ces dernières années, nous avons souvent connu des printemps chauds suivis d'étés chauds, mais c'est davantage la marque du changement climatique. Les conditions de printemps n'ont pas beaucoup d'impact sur le temps des mois qui suivent.
Un printemps marqué par une sécheresse suivi d'un été avec des conditions anticycloniques durables peut toutefois augmenter le risque d'épisodes de canicule, car l'évaporation de l'humidité des sols limite la hausse des températures. Sur un sol sec, il y a moins d'eau disponible à l'évaporation.
Quelles sont vos dernières prévisions pour cet été ?
Il s'agit d'une prévision des grandes caractéristiques de l'été, pour les mois de juin, juillet et août, mais pas d'un détail de la chronologie des événements, impossible à réaliser. On essaie de prévoir si la saison dans son ensemble sera plus ou moins chaude que la normale, plus ou moins humide, etc.
Ce qui ressort de l'analyse des modèles, ce sont des conditions un peu plus anticycloniques que ce que l'on observe habituellement, avec un anticyclone des Açores un peu plus développé, notamment sur la partie sud de l'Europe. C'est une configuration favorable à des conditions chaudes et sèches.
Christian Vielà franceinfo
Sur les trois quarts de la France, le scénario le plus probable est celui de températures plus chaudes que la normale, tandis que des conditions proches de la normale sont attendues sur la Bretagne et les côtes de la Manche. En ce qui concerne les précipitations, la moitié sud de la France pourrait avoir un été plus sec que la normale, alors que sur la moitié nord, aucun scénario n'est privilégié.
Est-il possible de prévoir plus en détail la météo pour un mois donné, par exemple juillet ou août ?
Cela reste très compliqué. Les modèles nous permettent de faire l'exercice de calculer le temps mois par mois, mais lorsqu'on calcule après coup les performances de ces prévisions, on se rend compte que l'on a plus de bruit que d'information.
Ces estimations sur un trimestre sont plus fiables ?
C'est quelque chose de très variable. La prévision saisonnière sur l'Europe, comme dans beaucoup d'autres régions du monde, dépend des forçages climatiques plus ou moins forts, le plus connu étant El Niño. On sait qu'en situation d'El Niño fort, on a globalement des prévisions saisonnières plus performantes.
En ce moment, le phénomène El Niño dans le Pacifique est absent. On a en revanche un phénomène assez actif dans l'océan Indien qui nous donne un peu de prévisibilité sur le système climatique. On a au final une cohérence assez relative entre les différents modèles, donc pour cet été, la confiance est moyenne.
La chaleur observée ces dernières semaines et attendue cet été est-elle un effet du réchauffement climatique ?
Sur des événements ponctuels, il est toujours compliqué d'en attribuer la cause au réchauffement climatique. Il y a bien sûr un effet de fond, mais les conditions que l'on a connues au mois de mai sont davantage à relier aux éléments de circulation générale, c'est-à-dire à la position des anticyclones. Il y a eu des conditions anticycloniques assez durables sur les îles britanniques – que l'on appelle conditions de blocage – qui ont favorisé un temps sec sur le nord de la France, alors qu'il y a eu beaucoup de pluie dans le Sud au mois de mai.
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