Météo : pourquoi cet épisode de froid ne remet pas en cause le réchauffement climatique

Le froid s'est abattu sur l'Hexagone, où de nombreuses régions enregistrent déjà des températures négatives.
France Télévisions
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Une femme dans une rue de Saint-Etienne (Loire), le 8 janvier 2023. (REMY PERRIN / LE PROGRES / MAXPPP)

Ça picote aux extrémités. La météo, jusqu'alors douce et humide, a fait place lundi 8 janvier à un authentique hiver. Un épisode de froid, prévu pour durer plusieurs jours selon Météo-France, s'est abattu sur l'ensemble de l'Hexagone.

Le thermomètre a ainsi affiché -1°C lundi après-midi à Rouen, Lille, Paris et Metz, -2°C à Belfort, 0°C à Strasbourg ou à Tours… Dans la semaine, Météo-France prévoit des gelées sur "quasiment tout le pays", à l'exception de la pointe du Cotentin et de la Côte d'Azur. 

Ces températures sont certes sous les normales de saison, mais elles sont loin d'être inhabituelles. Et elles ne contredisent pas la trajectoire inquiétante du réchauffement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines. 

Un épisode de froid inédit depuis près de six ans…

Lundi, au premier jour de cet épisode de froid, la température a été inférieure aux normales de saison sur l'ensemble de l'Hexagone, à l'exception de la Côte d'Azur et de la Corse, toutes deux légèrement au-dessus des normales. A Lille, il a ainsi fait 7,1°C plus froid que la moyenne des températures relevées pour un 8 janvier entre 1971 et 2020. A Paris, on a observé 6,5°C de moins que cette moyenne, 5,9°C de moins à Nantes ou encore 4°C de moins à Nancy.

Mardi, journée annoncée comme la plus froide de cet épisode, l'indicateur thermique national (la moyenne quotidienne de la température moyenne de l'air relevée dans 30 stations météorologiques représentatives du territoire) pourrait passer en dessous de 0°C. Une première depuis février 2018, souligne Météo-France.

Pourtant, il s'agissait autrefois d'une situation ordinaire en hiver, comme en témoigne ce graphique partagé samedi par le météorologue Guillaume Séchet. On peut y voir le nombre de jours dans lequel cette situation se présentait chaque année. 

… mais de moins en moins de journées froides 

Si les épisodes de fortes chaleurs sont de plus en plus fréquents l'été, en raison du réchauffement climatique, les épisodes de grand froid sont, eux, toujours plus rares au fil des hivers. Sollicitant notre mémoire, un tweet de l'association Infoclimat a rappelé samedi que le niveau des températures attendues cette semaine était atteint "une année sur deux avant l'an 2000".  

Sur le graphique suivant, qui donne à voir les écarts de températures avec les moyennes quotidiennes depuis un an, on constate que les journées plus chaudes que la normale ont été bien plus nombreuses que celles plus froides que la moyenne. Mais il reste tout de même des jours où la température est plus froide que la normale saisonnière.

"Oui, c'est normal d'avoir des températures basses, plus froides que les normales", confirmait jeudi à franceinfo Patrick Galois, prévisionniste à Météo-France. "Les normales, qui sont actuellement celles entre 1971 et 2020, sont des moyennes. C'est donc parfois plus bas (…). On traverse un hiver beaucoup plus doux que la normale, et une semaine de froid ne suffira pas pour faire pencher la balance dans l'autre sens."

Une tendance au réchauffement qui persiste 

Aux climatosceptiques qui profiteraient de ces jours frisquets pour prétendre que le réchauffement climatique n'existe pas, "il faut bien le dire : un épisode de froid comme celui que nous connaissons cette semaine n'invalide en rien le changement climatique", a prévenu lundi sur franceinfo le politologue du climat François Gemenne. Le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) et pionnier de l'étude du réchauffement climatique, tranchait dimanche sur TF1 d'un logique "nous sommes en hiver" pour décrire les jours à venir.

Ces variations de températures, ponctuelles, ne changent rien à la tendance observée à long terme. Les températures moyennes sont bien en hausse à l'échelle planétaire, mais aussi en France, où l'année 2023 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée après 2022, selon Météo-France. 

Le prévisionniste précise d'ailleurs que l'épisode en cours ne correspond pas à ce stade aux critères d'une "vague de froid" (l'indicateur thermique doit pour cela passer au moins un jour sous la barre des -2°C et ne pas passer plus de deux jours au-dessus de 0,9°C). "Avec le changement climatique, des vagues de froid sont encore possibles, alors même que le climat se réchauffe à l'échelle de la planète", précise encore Météo-France, qui relève toutefois que "les quatre vagues de froid les plus longues et les plus sévères (février 1956, janvier 1963, janvier 1985 et janvier 1987) ont été observées il y a plus de 30 ans."

Lors de cette dernière vague exceptionnelle, Marseille avait vu le mercure descendre à -10°C, Clermont-Ferrand à -15,4°C, et Bordeaux à -11,1°C. En ce tout début d'année 2024, Jean Jouzel relève, lui, que "ce qui est peut-être un peu exceptionnel, c'est ce contraste entre un mois de décembre qui a été extrêmement doux et ce début du mois de janvier qui sera, disons, hivernal." 


Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

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