Loi Climat : des militants écologistes tiennent une "permanence" devant l'Assemblée pour "marquer le coup" et suivre les débats
Ces jeunes militants jugent le texte actuellement discuté dans l'hémicycle "trop mou" pour faire face à l'urgence climatique.
"SOS loi Climat en détresse." La pancarte est posée sur un banc, place du Président-Edouard-Herriot, dans le 7e arrondissement de Paris. Juste à côté, plusieurs petits groupes discutent, mardi 30 mars. "On a imaginé cette action il y a quelques jours, entre amis", explique à franceinfo Hugo, co-organisateur. Avec plusieurs autres militants, ils ont décidé de tenir une "permanence" devant l'Assemblée nationale pendant toute la durée des débats sur la loi Climat et résilience. "La préfecture a accepté. Le but, c'est que les gens se relaient, décrit Hugo. Il faut marquer le coup, la prochaine opportunité de passer une telle loi n'arrivera peut-être pas avant plusieurs années."
Lundi, ils n'étaient que cinq. Ils étaient quatre fois plus dès le lendemain. "Des gens passent, ils nous apportent des fruits, discutent avec nous", se félicite Camille Etienne, qui a lancé l'appel sur les réseaux sociaux. "Je suis venu comme ça, à la dernière minute", raconte Alexis, doctorant de 25 ans. "J'étais à Dijon et j'en ai entendu parler", ajoute Charlotte, 18 ans. Grâce au bouche-à-oreille donc, ou par hasard. Pancarte autour du cou, Florence raconte : "J'ai commencé une grève de la faim le 28 mars pour demander aux députés une vraie loi Climat. Je suis venue juste pour faire une photo avec ma pancarte devant l'Assemblée nationale et un policier est venu me demander si j'étais là pour la manif. Alors je suis passée les voir", explique cette membre des Grévistes de la faim pour un avenir possible. Elle compte rester toute la semaine en leur compagnie. "C'est super grave, les députés discutent de notre vie en ce moment-même", s'alarme-t-elle, pointant du doigt les murs du Palais-Bourbon.
Plusieurs visites de députés
Cette affluence réjouit les organisateurs. "On est agréablement étonnés qu'il y ait autant de monde et que des députés viennent discuter avec nous", souligne Stacy Algrain, étudiante de 24 ans. Car les parlementaires se succèdent pour rencontrer ce petit groupe de jeunes tenaces. Matthieu Orphelin, écologiste du Maine-et-Loire, d'abord, puis des membres de la majorité. "On a appris cette initiative sur les réseaux sociaux. Les échanges avec les jeunes ont été constructifs", glisse Dimitri Houbron, député du Nord et membre d'Agir ensemble. Avec sa collègue Valérie Petit, ils sont restés une heure avant de "filer aux questions au gouvernement". Il y a eu des points de désaccord, sur la viande, la publicité ou encore l'avion, mais "c'était dans une ambiance sympa, bon enfant, on a eu de vraies conversations", salue la députée.
L'occasion pour les participants d'en apprendre plus sur le fonctionnement de l'Assemblée. "On est aussi là pour faire de la pédagogie : c'est difficile de construire une décision politique", ajoute Valérie Petit. Stacy Algrain le reconnaît bien volontiers. "C'est vrai que, parfois, on a cette image du groupe de la majorité qui écrase les avis individuels comme une grosse machine. Mais ils ont pris en compte nos avis", rapporte-t-elle. Avant d'ajouter : "Il a quand même fallu qu'on recrée une permanence pour refaire du lien entre eux et nous..."
Ces moments de partage doivent se tenir jusqu'à la fin des débats à l'Assemblée. "La lutte contre le changement climatique, c'est un engagement usant. Là, le fait de retrouver du contact humain, d'être ensemble, ça remotive", confie dans un sourire Lou Gracia, autre co-organisatrice. De quoi susciter l'admiration des élus. "Ils font un boulot impressionnant, on n'a pas le droit de les décevoir !", défend l'eurodéputé Pierre Larrouturou, de passage, qui avait lui-même fait une grève de la faim en novembre dernier pour obtenir un renforcement du budget de l'Union européenne en faveur du climat et de la santé. "Il est important de muscler cette loi Climat. Elle est trop édulcorée. Et c'est très bien que des jeunes soient là pour pousser les députés à aller plus loin."
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