Le réchauffement climatique pourrait faire disparaître les nuages de basse altitude, chargés de refroidir l'atmosphère
Selon une nouvelle étude, publiée lundi, un triplement de la concentration de CO2 dans l'atmosphère pourrait entraîner la disparition totale de ces nuages protecteurs, en 2104 si l'humanité poursuit ses activités au rythme actuel.
Les nuages de basse altitude, qui permettent de refroidir l'atmosphère en réflechissant les rayons du soleil vers l'espace, sont en danger du fait du réchauffement climatique. Selon une nouvelle étude, publiée lundi 25 février, un triplement de la concentration de CO2 dans l'atmosphère pourrait les faire disparaître, entraînant une montée en flèche des températures.
Ces nuages – les stratocumulus – couvrent environ 20% de la surface des océans dans les zones tempérées du globe. Ils se trouvent notamment dans les parties Est des océans, comme le long de la Californie, du Mexique et du Pérou. Leur disparition provoquerait un réchauffement "d'environ huit degrés Celsius", et ce dernier "s'ajouterait au réchauffement climatique provoqué par la hausse de la concentration des gaz à effet de serre" due aux activités humaines, avertissent les auteurs de l'étude (lien en anglais).
Nos résultats montrent qu'il existe des seuils de changement climatique dangereux dont nous n'avions pas conscience.
Tapio Schneider, chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa et principal auteur de l'étudeà l'AFP
Une telle augmentation des températures entraînerait une fonte de la glace dans les pôles et une montée des océans de dizaines de mètres, au-delà des capacités des humains à s'adapter, préviennent les scientifiques.
Sans changement, une disparition prévue "en 2104"
La Terre n'a pas connu un tel climat depuis le début de l'Éocène (-53 à -48 millions d'années), quand la température moyenne était plus élevée d'environ 12 degrés et que des crocodiles peuplaient l'Arctique. Le réchauffement climatique en cours, de 1°C par rapport à l'ère préindustrielle, entraîne déjà son lot de sécheresses, inondations et cyclones. La concentration de CO2 a augmenté au cours de cette période de près de 45%, pour atteindre 410 parties par million (ppm).
L'accord de Paris sur le climat de 2015 vise à limiter le réchauffement à +2°C, idéalement +1,5°C. En se basant sur une modélisation de l'évolution des nuages, les chercheurs ont déterminé que la couche protectrice de nuages pourrait se rompre si la concentration de CO2 atteint 1.200 ppm. Le point de bascule pourrait cependant être un peu plus élevé. Si l'humanité poursuit ses activités au rythme actuel, "le niveau de 1.200 ppm sera franchi en 2104", indique à l'AFP Malte Meinshausen, directeur du Climate and Energy College de l'université de Melbourne (Australie).
Une autre source d'inquiétude est que le réchauffement climatique entraîne en plus la libération de CO2 et de méthane, aujourd'hui contenus dans des milieux naturels comme le permafrost (des sols gelés toute l'année). Ce phénomène mettrait à mal tous les efforts réalisés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
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