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Accélération de la montée des eaux, fonte du permafrost, cyclones extrêmes… Ce qu'il faut retenir du dernier rapport du Giec sur le climat

Dans son quatrième rapport publié en un an, le groupe des experts de l'ONU sur le climat (Giec) révèle, mercredi, les conséquences du réchauffement climatique sur les océans et la cryosphère. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un iceberg dans la baie de Bonavista (Canada), le 29 juin 2019.  (JOHANNES EISELE / AFP)

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) lance un énième signal d'alarme, mercredi 25 septembre. Dans un nouveau rapport (en anglais) – son quatrième en un an –, le groupe d'experts de l'ONU détaille l'impact du réchauffement climatique sur les océans et la cryosphère (c'est-à-dire l'ensemble des glaces à la surface du globe : inlandsis, glaciers, banquise, sols gelés…), si rien n'est fait pour le limiter. 

Certaines de ces conséquences sont déjà irréversibles, et l'humanité doit s'y préparer, prévient le Giec. Sans action pour contenir le changement climatique, ces impacts seront de plus en plus dévastateurs, alertent les scientifiques, deux jours après le sommet de l'ONU sur le climat à New York. Voici les principales conclusions de ce rapport adopté par les 195 Etats membres du Giec. 

De nombreux glaciers en voie de disparition

Source principale de la hausse du niveau des océans, la fonte des glaces à travers le monde s'accélère, relève le Giec dans son rapport. Chaque année depuis 2006, les deux calottes glaciaires de la planète – en Antarctique et au Groenland – ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes. 

Les glaciers, sources d'eau douce pour plus de deux milliards de personnes, continuent eux aussi de rétrécir. Dans les Alpes, en Scandinavie, en Afrique de l'Est ou en Indonésie, les glaciers de basse altitude pourraient perdre 80% de leur volume d'ici 2100 si rien n'est fait. Même en cas d'efforts pour limiter le réchauffement climatique, bon nombre d'entre eux pourraient disparaître. Quant aux montagnes, elles devraient perdre une part critique de leur couverture neigeuse, avec des conséquences importantes sur l'agriculture, le tourisme et l'approvisionnement en énergie.

Le rapport du Giec s'inquiète en parallèle de l'état du permafrost, ce sol gelé en permanence. Si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter sensiblement, environ 70% de la surface du permafrost (jusqu'à trois ou quatre mètres de profondeur) pourrait avoir fondu en 2100, selon les experts de l'ONU. Cela provoquerait le relâchement de dizaines, voire de centaines de milliards de tonnes de gaz à effet de serre.

Jusqu'à 1,10 mètre de montée des eaux en 2100

Conséquence de cette fonte des glaces, le niveau des océans va continuer de monter au fil des prochaines décennies. Il augmente déjà plus de deux fois plus vite qu'au XXe siècle et il s'accélère, d'après les auteurs du rapport. 

Le groupe d'experts a mis au point plusieurs prévisions de montée des eaux, en fonction de la réduction (ou non) des émissions de gaz à effet de serre. Si ces émissions sont drastiquement réduites, et si le réchauffement climatique est ainsi limité à moins de 2 °C, le niveau des océans devrait s'élever de 30 à 60 centimètres d'ici 2100. En revanche, si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, la montée des eaux pourrait être de 60 centimètres à 1,10 mètre à la fin du siècle

Au XXIIe siècle, le rythme d'élévation du niveau des mers pourrait être 100 fois plus rapide, de 3,6 millimètres par an aujourd'hui à "plusieurs centimètres", pour ensuite atteindre plusieurs mètres au total d'ici 2300, si aucune action n'est mise en œuvre pour réduire les émissions de CO2. 

Des océans qui perdent en oxygène (et en vie)

Couvrant plus de 70% de la surface du globe, les océans ont déjà absorbé 20% à 30% des émissions de gaz à effet de serre produites par l'être humain depuis les années 1980. Les mers absorbent également une grande partie de la chaleur supplémentaire produite par l'humanité. Non sans conséquence : avec ce phénomène, les océans s'acidifient, se réchauffent eux aussi et perdent en oxygène. En soixante ans, la concentration d'oxygène dans les milieux marins a reculé de 2%. Les océans devraient perdre 3% à 4% d'oxygène supplémentaires si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent à leur niveau actuel. 

D'après le Giec, les vagues de chaleur océaniques – des épisodes inhabituels de fortes chaleurs au sein des océans – sont deux fois plus nombreuses aujourd'hui qu'en 1982, et gagnent en intensité du fait du réchauffement climatique. Avec une hausse des températures limitée à 2 °C, elles auront lieu vingt fois plus souvent. Et avec une hausse non limitée des émissions de gaz à effet de serre ? Cinquante fois plus souvent. 

Le réchauffement de l'eau et la pollution côtière sont également responsables de l'expansion des "zones mortes", ces zones marines où le trop faible taux d'oxygène empêche toute vie. Quant aux récifs coralliens, ils subiront des pertes importantes, voire des extinctions localement, même avec un réchauffement limité à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle. Or un demi-milliard de personnes dépendent de ces récifs pour se nourrir. 

Plus d'un milliard de personnes menacées sur les zones côtières

Ces zones océaniques sont loin d'être les seules menacées par le réchauffement climatique. Avec l'élévation attendue du niveau des mers, 20% à 90% des zones humides sur Terre devraient être perdues d'ici 2100. 

D'ici 2050, plus d'un milliard de personnes seront également directement menacées par le changement climatique. Elles vivront en effet dans des zones côtières peu élevées, donc particulièrement vulnérables aux inondations ou à d'autres événements climatiques extrêmes. 

En France, si rien n'est mis en œuvre pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, quelque 377 000 personnes seront menacées par la montée des eaux et la multiplication des inondations, précise Le Parisien

Des événements climatiques plus extrêmes

D'ici 2050, même dans un monde où le réchauffement climatique sera limité à 2 °C, de nombreuses mégapoles et petites îles devraient être frappées au moins une fois par an par des submersions marinespoursuit le Giec. Jusqu'à présent, ces événements – des vagues, marées et tempêtes provoquant des inondations – ne se produisaient qu'une fois tous les 100 ans. 

Les cyclones, ouragans ou typhons seront plus puissants, même si le dérèglement climatique est contenu. Le rapport du Giec alerte sur les dégâts qu'ils causeront sur les côtes. Les cyclones tropicaux devraient gagner en "intensité moyenne" et la part de cyclones de catégories 4 et 5 devrait augmenter. Mais, de manière générale, les cyclones ne devraient pas être plus fréquents. 

Des centaines de milliards de dollars de coût

Le rapport du Giec détaille en parallèle des solutions possibles pour faire face à ces conséquences du changement climatique. Sur les côtes menacées, construire des protections contre la montée des eaux pourrait réduire de 100 à 1 000 fois les risques d'inondations. A condition d'investir "des dizaines", voire "des centaines de milliards de dollars par an".

Ces protections seront néanmoins plus efficaces pour les mégalopoles côtières que pour les grands deltas agricoles ou les petits Etats insulaires. Ces derniers n'auront pas les moyens de financer ces grands travaux, alerte le Giec. 

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