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Les nouveaux convertis à l'Islam

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Article rédigé par franceinfo
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Un sujet propice aux stéréotypes, car des affaires de terrorisme concernaient des convertis. Au-delà des images toutes faites, qui sont-ils vraiment et pourquoi ce choix.

Stéphanie, David et Nicolas ont trois parcours personnels, ponctués par une même évidence.

Les questions que je me posais, je trouvais les réponses dans l'islam.

Si j'avais pas la religion, je serais peut-être devenu délinquant.

Ça m'a permis d'avoir une ligne de mire, d'avancer dans la vie.

Ils acceptent de se livrer pour casser les préjugés sur leur conversion à l'islam. Stéphanie a suivi cette voie il y a plus de 10 ans. Cette Picarde de naissance vit en région parisienne. Elle élève ses deux filles, qui ne mangent pas de porc et disent quelques mots d'arabe.

Tu dis "hamdoullah".

Hamdoullah.

C'est bien, c'est un bon début. On a fait ce choix de vivre avec nos valeurs dans l'islam. On essaie d'inculquer à nos enfants la même chose.

Son mari est d'origine tunisienne. Mais elle précise qu'elle avait choisi l'islam avant de le rencontrer.

J'ai beaucoup lu. J'étais attirée très jeune par l'islam. J'y trouvais un climat de chaleur. Je me sentais a l'aise. Après, au contact de musulmans, je me suis sentie à ma place. J'ai fréquente des établissements catholiques. Je ne suis pas baptisée mais j'ai baigne dans ce milieu. J'ai pas trouve la tolérance et l'ouverture d'esprit qui me tenaient à coeur.

Aujourd‘hui, elle l'assume, mais cette assistance maternelle a longtemps vécu sa foi secrètement.

Je faisais la prière en me cachant. J'allais dans la chambre. Ce n'était pas quelque chose qui se savait.

Vous aviez honte de vous être convertie.

Pas du tout, jamais. Pas de la honte, mais un souci de préserver les autres.

Votre choix pouvait faire du mal à vos proches.

Du mal dans le sens où ce n'est pas quelque chose de très compris. Et parce qu'on ne connaît pas, on a peur, et on juge.

Cette peur d'être jugé, Nicolas l'apprivoise depuis un an, depuis qu'il se rend à la mosquée de Woippy, près de Metz.

Tous les vendredis, pour profiter de la sérénité et de la spiritualité.

Il nous présente l'imam avec qui il a prononcé la "chahâda", une profession de foi qui a scelle son entrée dans l'islam.

"ll n'y a de dieu que Dieu et Mohamed est son messager." Au moment où j'ai fini ma récitation, c'était une sorte de libération. J'étais redevenu léger.

Ce fils de militaire étudie aussi l'histoire, le Coran et l'arabe. Depuis sa conversion, il a repris des études, lui qui, adolescent, préférait les petits larçins à l'école.

J'avais besoin de ne plus faire ces choses-là. Voler, c'est tellement facile. J'avais besoin de quelque chose pour me casser de ça, car je savais que c'était mal. J'ai trouvé ce cadre-la dans l'islam et nulle part ailleurs.

A vous entendre, l'islam serait une Iubie comme une autre.

C'est-à-dire.

Une mode.

La mode, c'est ceux qui commencent à s'intéresser à l'islam parce qu'ils ont des potes maghrébins ou une fille qui les intéresse. Moi, c'est pas une mode. Y a tellement de désinformation sur l'islam, je me suis renseigne. Et dans mon quartier, mon entourage, c'est pas ça.

Je sais pas, j'ai les yeux bleus, un joli sourire, je comprends pas. L'image c'est : il s'est converti parce que c'est un voyou, il a été entraîné par un gourou, il va poser des bombes. Concrètementfen connais pas, des gens comme ça.

Selon l'imam de Woippy. 60 à 70 % des convertis dans sa mosquée sont de jeunes adultes en manque de repères. Un profil qui a longtemps collé à la peau de David, 40 ans aujourd'hui. Cet aide-soignant, qui se fait appeler Daoud, vit en Bretagne.

Elle est où, la mosquée.

La mosquée, il n'y en a pas. La plus proche est à Saint-Brieuc, à environ deux heures d'ici.

David s'est converti à l'islam il y a 17 ans, après un voyage en Inde, et une longue maladie pour laquelle les médecins le disaient condamné. Soucieux de ne rater aucune prière, il se tourne vers La Mecque cinq fois par jour.

Allahou Akbar.

Il reconnaît qu'il aurait pu basculer vers l'intégrisme au début. Il se souvient de ce qu'on lui disait parfois à la mosquée.

Tu es converti mais tu seras jamais un vrai ! Du coup on veut être très rigoriste. Mais avec le temps on apprend à faire la part des choses.

C'est quoi la radicalité pour vous.

Ce serait de ne plus être vivant. Certaines personnes pensent qu'il faudrait vivre comme au 2e siècle de l'Hégire, par exemple, deux siècles après la révélation de l'islam en Arabie.

Les services de renseignement disent que la principale menace pour la France vient des gens convertis, comme vous.

On peut effrayer quand on ne connaît pas du tout. Quand on voit certaines images qui se passent ailleurs. Voilà. On prie dans un autre contexte, ça change la nature des choses.

Selon le service des cultes du ministère de l'intérieur, 4.000 personnes se convertissent chaque année à l'islam en France,.

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