Islamisme radical : témoignage d'un "repenti"

Ils continuent leur enquête notamment en Belgique.

David Pujadas : Marci Pauline.

C'est en prison que Mehdi Nemmouche s'est radicalisé. Mais peut-on faire marche arrière une fois embrigadé ? Voici le témoignage d'un homme.

De 1996 à 2002, Karim Mokhtari a passé 6 années en prison. Une condamnation pour un braquage qui a fini dans le sang. Il se retrouve seul, à peine majeur, dans l'univers carcéral, quand il repère un groupe de jeunes musulmans pratiquants.

J'avais vu un groupe d'hommes, ils faisaient la prière dans la promenade. Un détenu s'improvisait imam. Ça m'avait alerté. J'avais besoin de tout, je n'avais pas a manger, je n'avais pas d'argent. J'étais dans le désarroi total. Et eux souffraient moins que moi. J'étais perdu et eux avaient l'air de savoir où ils allaient. Ils avaient l'air d'être heureux et moi j'avais envie de mourir.

Très vite, Karim Mokhtari est approché par le chef du groupe, le début d'un engrenage.

Tout doucement, on tape à votre porte. "T'es sûr que t'as besoin de rien ? N'oublie pas de venir pour la prière à 13H" On n'arrive plus à dire non. Vous êtes dans un engrenage, vous êtes responsabilisé, des gens vous attendent.

Ce jeune Français d'origine algérienne découvre la religion, une quête identitaire de 6 mois. En fait, karim Mokhtari s'isole de plus en plus.

Il y a des codes physiques, laisser pousser la barbe, éviter le regard des femmes. Ce sont des choses qui commencent à codifier vos relations. Vous ne savez plus trop à qui il faut parler.

Karim Mokhtari ne se rend pas compte de sa propre dérive. L'administration perçoit la radicalisation et décide de disperser le groupe dans différentes prisons. Dans l'urgence, le chef revient voir Karim et le masque tombe.

Il me dit : "On va être transférés mais il faut qu'on reste en contact parce qu'on peut t'envoyer dans des camps d'entraînement, pour que tu sois plus fort face aux mécréants." Et là j'ai dit "stop". Mais combien ne disent pas stop ? Quand on est fragile, on ne sait pas quoi faire.

Karim Mokhtari a créé une association pour améliorer les conditions de détention. Le meilleur moyen selon lui pour lutter contre la radicalisation religieuse dans les prisons.