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Invitée : Camille Chamoux : "Les gazelles"

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Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

E.Lucet: Voici l'invitée des 5 dernières minutes. Et cette invitée est Camille Chamoux. Elle a raté de peu Normal Sup et elle a décidé de devenir comédienne. Elle s'épanouit dans un one-woman-show sur les enfants nés sous Giscard et dans un film sur les femmes d'aujourd'hui. Notre invitée, c'est C.Chamoux. Bonjour. On est ravis de vous recevoir sur le plateau du 13h de France 2. Vous êtes en plein dans l'actualité avec le film "Les gazelles" que vous avez coécrit. Il sort en salles aujourd'hui. Votre spectacle "Née sous Giscard" fait un carton au théâtre du Petit Saint-Martin. Parlons d'abord du film. Qui sont les gazelles? Ce sont 5 femmes d'aujourd'hui.

C.Chamoux: Avant tout, c'est une sorte de portraits que l'on a voulu très réalistes, de femmes d'aujourd'hui qui ont des poils, des boutons, des vrais problèmes, des vrais discussions et qui ne sont pas toujours représentées dans ce que l'on peut voir au cinéma sur les écrans français. On a décidé de dresser un portrait non pas cruel ou anormal mais un vrai truc très réaliste. Les gazelles, c'est nous.

E.Lucet: En tout cas, je me suis reconnue. Vous êtes conseillère à Pôle Emploi. Vous êtes en couple avec votre copain de lycée depuis 15 ans.

C.Chamoux: 14.

E.Lucet: Et le vernis va totalement craquer.

C.Chamoux: J'aime bien cette expression. Moi, je dis que la vitrine pète. Entre 20 et 30 ans, on essaie de construire une vitrine avec le bon mec, le bon job. Après la trentaine, on pète la vitrine. On passe le cap des 30 ans et on décide d'aller vers son désir, sa notion du bonheur et de ne pas correspondre au diktat de la famille ou de la société, d'aller vers que quelque chose de plus vrai.

E.Lucet: Marie quitte son copain et sa vie confortable. Elle se retrouve avec cette bande de copines. Vous étés décidée à goûter aux joies du célibat, a priori. Mais ce n'est pas que sympa.

C.Chamoux: C'est vrai. Elle pète la vitrine mais elle ne sait pas ce qu'il y a derrière. Beaucoup d'entre nous ont vécu cela. Elle découvre des codes du célibat et tout un monde qu'elle ne connaît pas. Ça fait 14 ans qu'elle est en couple et elle ne connaît plus les codes du célibat après 30 ans. Il y a des situations pathétiques, voire humiliantes mais toujours drôles. Je fais partie d'une génération où, quoi qu'il arrive, quand il arrive des trucs drôles, pathétiques ou bizarres, ça se termine toujours par un débrief'entre copines.

E.Lucet: Ce qui est fou avec ce film, c'est qu'il est drôle, gai et réaliste mais aussi qu'il n'est pas tendre sur les rapports hommes/femmes.

C.Chamoux: Il n'est pas tendre mais il essaie d'être juste. Ce n'est pas du tout désespérant non plus. Ne vous dites pas cela. Mais on a essayé de représenter la réalité et non pas une espèce de comédie romantique où l'attente est le mariage. Ce n'est pas B.Jones. La réalité est assez difficile. Il y a une sorte de capitalisme affectif aujourd'hui. C'est pour ça que je travaille à Pôle Emploi. On n'est plus là en train d'attendre entre un pot de glace et un chat en regardant des comédies romantiques. Nous sommes une génération qui sort. La séduction est un terrain de chasse où les rôles entre les hommes et les femmes sont très redistribués et presque inversés. On essaie de décrire cet univers avec un maximum de réalisme et de justesse. Mais je pense que c'est aussi joyeux.

E.Lucet: On va parler de votre spectacle dans un instant, après la bande-annonce du film.

"Qu'est-ce que tu deviens.

"Je suis toujours avec Eric. Ça fait 14 ans.

"Un emprunt de 460 000 euros pour une durée de 30 ans.

"Je ne suis pas angoissée. Je n'y arrive plus. Il faut que je fasse un break.

"OK, tu as un black-out.

"Ce qui est bien dans les ruptures, c'est qu'en général, tu perds 2 tailles.

E.Lucet: C'est une sacrée peinture de notre époque, un film générationnel, comme votre spectacle. D'où vous est venue l'idée saugrenue de faire un one-woman-show avec ce titre, "Née sous Giscard".

C.Chamoux: J'avais fait le constat qu'on était une génération qui se vautre beaucoup dans le passé mais qui ne passe pas son temps à rêver l'avenir. On est tous obsédés par le vintage, les brocantes, tout ce qui est vieux. Men". Je me suis demandé quelle était la malédiction de cette génération qui avait l'impression d'être molle et d'avoir des bases tièdes. J'ai essayé de parler de ça.

E.Lucet: C'est subtil, ironique et féroce. J'ai lu dans un papier qu'il y avait du Desproges en vous.

C.Chamoux: C'est hyper sympa. Je n'oserais pas me comparer a Desproges. Mais j'essaie d'être à la fois cynique sur ce qui m'entoure, tout en ayant de l'autodérision. On ne peut pas se moquer d'autrui sans se moquer de soi-même. C'est ce qu'il faut prendre de Desproges.

E.Lucet: Merci, C.Chamoux. Nous recommandons le film "Les gazelles" avec l'excellente A.Fleurot qui est formidable, mais vous êtes toutes formidables dans ce film, et le spectacle "Née sous Giscard" au théâtre du Petit Saint-Martin pendant encore quelques jours.

C.Chamoux: Il reste un mois.

E.Lucet: Merci.

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