Invité : Raymond Depardon, "Un moment si doux", exposition
Voici l'invité des Cinq Dernières Minutes. Cet invité, c'est Raymond Depardon. Bonjour et merci d'être avec nous pour cette exposition intitulée "Un moment si doux". C'est la première fois qu'un photographe contemporain est exposé au Grand Palais. Une intégrale de vos films est aussi éditée par Arte. Des photos signées Raymond Depardor qu'on a peu vues jusqu'alors car ce sont vos clichés en couleurs. Qu'est-ce que ça change la couleur.
Raymond Depardon : Ça change beaucoup. Pendant une certaine période, on aimait mieux le noir et blanc. C'était une tradition française de reportage. Il y avait plus de magazines en noir et blanc; Nous on aimait pas trop les couleurs. On souhaitait même faire la bonne photo en noir et blanc. J'avais fait des photos en couleur de mes parents. Ça change beaucoup de choses, c'est comme si je retombais un peu en enfance. C'est plus féminin aussi, plus tendre.
Elise Lucet : C'est pour ça que ça s'appelle "Un moment si doux".
Raymond Depardon : C'est aussi l'idée que j'aurais pu faire le musée des horreurs, avec l'actualité. J'avais envie de réunir les gens. J'ai préféré faire ce qui nous rassemble. Le photographe, c'est aussi un poète et un artiste. J'avais envie de montrer quelque chose de plus tendre et de m'approcher des gens. Et d'aller dans les endroits que j'aimais, comme une fête.
Elise Lucet: Il y a un portrait de Piaf, vous étiez tout jeune au moment où vous avez fait cette photo.
Raymond Depardon : J'avais 17 ou 18 ans. Mon patron m'emmène et sa façon de m'apprendre la photo, juste fais-le. Il m'avait donné un Rolleiflex, j'ai appuyé sur le bouton, il y avait un flash. Elle m'a un peu draguée.
Elise Lucet : Vous en êtes fier de cette photo.
Raymond Depardon : C'est une grande dame et je suis fière de cette photo.
Elise Lucet : La photo d'une petite fille à Glasgow résume à elle seule les années Thatcher.
Raymond Depardon : Bien sûr. Ce Glasgow, j'y étais pour un journal anglais. les enfants étaient en liberté, il y avait beaucoup d'alcooliques dans les rues. Des choses plus légères, comme le salon du camping en 1960.
Raymond Depardon : Je n'ai rien mis en place, c'était comme ça. C'était un des premiers salons en plein air, porte de Vincennes.
Elise Lucet : Que vous dites-vous quand vous regardez en arrière ? Vous avez voulu capter quelque chose de votre époque.
Raymond Depardon : Oui, j'ai traversé des périodes si différentes. Au début, je n'étais pas très bon photographe, mais ce n'était pas important, je voulais faire ce que j'avais envie. La photo, c'est complexe, qu'est-que c'est ? Il y a une part d'imaginaire, une part de témoignage. Certaines photos vieilissent bien, comme le vin, mais pas toutes. Ça traverse le temps et c'est le plus important.
Elise Lucet : Raymond Depardon, "Un moment si doux" au Grand Palais, jusqu'au 10 février. "Un moment si doux", c'est aussi un film en DVD de Claudine Nougaret. Fin de cette édition. Tout de suite, la météo.
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