Twitter se retire du code européen de bonnes pratiques contre la désinformation, un nouveau bras de fer entre la plateforme et l'UE
La bataille entre Elon Musk, le propriétaire de Twitter, et l'Union européenne semble bel et bien lancée, malgré les photos tout sourire du PDG du réseau social avec le président de la République la semaine dernière à l'Élysée. En effet, Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, l'a annoncé, via un tweet : l'oiseau bleu a quitté le "code de bonnes pratiques en matière de désinformation" de l'Union européenne. "Elon Musk veut voir qui est le plus fort", estime Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique.
Ce code de bonnes pratiques est un programme volontaire de l'UE destiné à lutter contre la désinformation et les discours de haine en ligne. Lancé en 2018, il a été musclé l'an passé et signé par une trentaine d'acteurs différents. On retrouve les grands réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Snapchat, Twitch et TikTok, mais aussi Google et Microsoft ainsi que des collectifs de fact-checkers et des ONG.
Couper les financements de la désinformation
En signant, les plateformes ont accepté plusieurs dizaines d'engagements, dont l'un des principaux engagements consiste à assécher les revenus de la désinformation. Beaucoup s'appuient en effet sur la viralité des fausses infos pour faire de l'argent, avec de la publicité. Avec ce code, elles s'engagent théoriquement à éviter de diffuser des annonces près de contenus conspirationnistes, et à vérifier les sites sur lesquels elles affichent de la pub.
Mais ce n'est pas tout. Les plateformes se sont aussi engagées à être plus transparentes sur les publicités politiques en les identifiant, à lutter contre les "robots" qui amplifient la diffusion de fake-news, contre les "deepfake" qui permettent de truquer des images afin de créer des infos malveillantes. Elles sont également censées soutenir le travail des chercheurs sur la désinformation.
"Twitter sera banni de l'UE s'il ne se conforme pas à nos règles"
Sauf que le côté volontaire du programme va bientôt prendre fin. À partir du 25 août, une loi va placer les géants du numérique sous haute surveillance de la Commission européenne pour vérifier qu'elles luttent vraiment de manière efficace contre la désinformation, la haine en ligne et les contrefaçons. D'où la menace à peine voilée de Thierry Breton à Twitter lors de l'annonce de leur retrait : "Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher", écrit le commissaire européen. Des menaces reprises sur franceinfo, lundi 29 mai, par le ministre français de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot. "Twitter sera banni de l'Union européenne, s'il ne se conforme pas à nos règles", assure-t-il.
Les contrevenants à ce nouveau règlement européen s'exposeront à des amendes pouvant aller jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires mondial. En dernier recours, en cas d'infractions répétées, les sanctions pourraient effectivement aller jusqu'à l'interdiction temporaire de ces plateformes dans l'Union européenne, comme le laisse entendre le ministre Jean-Noël Barrot.
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