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Twitter quitte le code de l'UE contre la désinformation : "Elon Musk veut voir qui est le plus fort", estime un spécialiste

Le réseau social Twitter sort du code de l'UE contre la désinformation, a-t-on appris ce samedi. Cette décision du patron de Twitter, Elon Musk, n'étonne pas le secrétaire général du Conseil national du numérique. "Il veut rendre son service le meilleur possible selon ses critères, qui ne sont pas forcément ceux de l'intérêt général", explique-t-il ce lundi.
Article rédigé par franceinfo
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Twitter a décidé de quitter le code de bonnes pratiques de l'UE contre la désinformation en ligne, a annoncé le 27 mai 2023, le commissaire européen à l'Industrie Thierry Breton. (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

"Elon Musk joue selon ses règles, pas en fonction de celles de l'Union européenne", estime lundi 29 mai sur franceinfo le secrétaire général du Conseil national du numérique Jean Cattan après la sortie de Twitter du code de l'UE contre la désinformation. "Comme il y a toute une communauté d'utilisateurs assez captifs de Twitter, il veut voir qui est le plus fort", considère Jean Cattan. "On doit veiller à ce que les algorithmes de recommandation sur Twitter ou d'autres réseaux ne favorisent pas la haine entre tous"

>> Twitter se retire du code européen de bonnes pratiques contre la désinformation, un nouveau bras de fer entre la plateforme et l'UE

franceinfo : Twitter peut-il vraiment être banni de l'Union européenne, comme l'a menacé le ministre de la Transition numérique Jean-Noël Barrot sur franceinfo ?

Jean Cattan : Oui, ces menaces existent bel et bien. Elles ne sont pas tant celles du ministre que celles du règlement européen sur les services numériques, entré en vigueur à la rentrée dernière et qui va donc permettre à la Commission européenne et aux autorités étatiques de décider de bannissements pour des cas d'une particulière gravité. Ce ne sont pas tous les cas de désinformation ou de propos un petit peu polémiques qui peuvent ensuite conduire à de tels types de sanction.

Êtes-vous surpris par cette nouvelle décision d'Elon Musk ?

Non, pas tellement, parce qu'il s'inscrit en fait dans une logique. Il veut rendre son service le meilleur possible selon ses critères, qui ne sont pas forcément ceux de l'intérêt général. Ensuite, si ça passe ou ça casse au regard de la régulation, c'est une question de second ordre. Depuis quelques temps, il dit qu'il veut améliorer le réseau. On peut en douter ou pas, mais en tous cas, il joue selon ses règles et pas en fonction de celles de l'Union européenne. Et comme il y a toute une communauté d'utilisateurs assez captifs de Twitter, il veut voir qui est le plus fort. Et là, ça peut être un jeu très dangereux pour lui.

>> Twitter : Elon Musk tire le bilan de ses six premiers mois

Tout cela est-il inquiétant pour la démocratie en général ?

Ce qui est particulièrement inquiétant en fait, c'est l'effet de propagation, même en dehors de Twitter, des polémiques qui peuvent y avoir lieu. Plus on est dans un réseau social qui a pour architecture de favoriser la polémique, plus le ton va monter, plus l'attraction va se faire autour de ces polémiques-là et finalement, c'est tout le débat démocratique qui va en pâtir. On doit être particulièrement vigilant à la bonne tenue de notre débat démocratique. Et cela va bien au-delà de la simple volonté de Elon Musk. On doit veiller à ce que les algorithmes de recommandation sur Twitter ou d'autres réseaux ne favorisent pas la haine entre tous et faire en sorte que le ton reste quand même en toute mesure.

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