"Résistance contre les normes" ou "dénigrement de soi"... La tendance "à double tranchant" de la "mid-girl" sur les réseaux sociaux

Article rédigé par Claire Guédon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le hashtag #Midgirls comptabilise plus de 130 millions de posts sur les réseaux sociaux. (CAPTURES D'ÉCRAN / TIK TOK)
Des milliers de vidéos de jeunes femmes se présentant comme des "mid-girls", des filles "moyennes" circulent sur les réseaux sociaux. Une façon de s'opposer aux injonctions de perfection, analyse une docteure en psychologie.

Le concept de la "mid-girl" a été lancé sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, et plus particulièrement sur TikTok. Dans une vidéo qui cumule près de trois millions de vues, et plus de 300 000 likes, la créatrice de contenus @lunaindaclub explique sa définition de ce nouveau terme. "C'est une meuf qui est belle, un 5 ou un 7/10, mais elle n'est pas vilaine". Une sorte d'entre-deux, "ni moche ni belle", reprennent d'autres tiktokeuses.

Dans ces vidéos, les utilisatrices décrivent en quoi elles se considèrent comme "mid-girl", en commençant avec la même phrase à chaque fois : "Je sais que je suis une meuf mid parce que..." "On ne me dit pas que je suis belle si je ne suis pas maquillée", "on ne m'offre jamais des verres au bar", énumèrent les filles dans leurs vidéos. 

Une tendance qui est "à double tranchant", alerte la docteure en psychologie Amélie Boukhobza. "D'un côté, c'est une manière de sortir, de s'opposer aux injonctions de perfection qui sont à la fois véhiculées par la société et par les réseaux sociaux". Elle y voit aussi une forme de "tentative de résistance à ces normes-là, esthétiques, intellectuelles, toutes ces choses qui finalement sont un peu impossibles à atteindre, ces idéaux de perfection", qui sont beaucoup relayés sur les réseaux sociaux, avec des injonctions de beauté, de nutrition ou encore de performances sportives.

Un risque de "comparaison" assez "négatif"

Une démarche qui peut donc "avoir un intérêt vis-à-vis de l'estime de soi, de l'acceptation de soi-même, puisqu'on n'est pas parfait, on fait partie plus ou moins d'une moyenne". C'est là que la docteure en psychologie émet des réserves sur cette tendance de la "mid-girl". "Dès lors que ça rentre dans des enjeux de comparaison par rapport à d'autres, il y a un revers assez négatif, l'estime de soi en prend un sacré coup", déplore Amélie Boukhobza. Le risque est de se mettre à se comparer à tout le monde autour de soi, de se dire que "la copine est meilleure, elle est moins grosse, plus musclée", cela devient du "dénigrement".

De plus, ces réflexions tournent beaucoup autour du physique, regrette Amélie Boukhobza. "Il y a quelque chose de très lié à la beauté, à l'esthétique." En effet, les exemples pris par les femmes dans ces vidéos sont liés à leur physique, qu'elles jugent moyen, banal. Un biais qui peut être très malsain, et surtout, qui occulte le fait que la beauté est très subjective, rappelle la psychologue.

"La beauté réside ailleurs. C'est dans l'imperfection, dans l'imprécis, dans l'indéfini. C'est quelque chose qui ne s'attrape pas et qui ne s'encadre pas."

Amélie Boukhobza, docteure en psychologie

à franceinfo

Pour autant, certaines internautes semblent prendre du recul sur cette tendance. "C'est pas grave d'être une meuf mid, tu ne peux pas être un 10/10", conclut d'ailleurs @lunaindaclub dans sa vidéo. Certaines utilisatrices se sont même rapidement opposées à cette tendance. "Vous pouvez avoir des complexes, mais réveillez-vous, cette trend est nulle", clame la Tik Tokeuse @hiwaste.

@hiwaste Par pitié svp faites moi sauter cette trend #pourtoi ♬ son original - HiWaste

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