On vous présente Threads, le petit frère d'Instagram qui veut faire de l'ombre à Twitter
Trente millions d'inscriptions en moins de 24 heures. Le lancement de Threads, le nouveau réseau social développé par Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, était très attendu par les déçus de Twitter depuis le rachat d'Elon Musk. Toutefois, si l'application a été lancée, mercredi 5 juillet, dans 100 pays à travers le monde, les Européens devront encore attendre un peu avant de pouvoir migrer sur cette nouvelle plateforme, gourmande en données personnelles. Franceinfo vous présente ce nouveau venu dans le monde des réseaux sociaux.
Un fonctionnement proche de celui de Twitter
Threads, version écrite et prolongement d'Instagram, ressemble beaucoup à Twitter, à la fois dans son apparence et son fonctionnement. Le réseau social comporte un fil général affichant les messages des comptes auxquels l'utilisateur est abonné. Si un internaute se crée un compte sur Threads en se connectant avec son identifiant Instagram, il a la possibilité de suivre automatiquement toutes les personnes auxquelles il est déjà abonné.
Les utilisateurs peuvent publier des messages de 500 caractères maximum (contre 280 sur Twitter en version gratuite et 4 000 dans sa version payante). Ils ont aussi la possibilité d'y partager des images et des vidéos pouvant aller jusqu'à cinq minutes et d'y créer un "thread" (un fil de discussion reliant une série de messages entre eux). Le tout en choisissant leur audience (publique ou restreinte).
Le "retweet" est quant à lui baptisé "repost". Toutefois, note le journal 20 Minutes, il n'existe pas encore de hashtags et la recherche ne sert qu'à trouver des comptes d'utilisateurs, mais pas des thématiques. Le patron d'Instagram, Adam Mosseri, a présenté les fonctionnalités de Threads dans une vidéo promotionnelle.
Une plateforme conçue pour concurrencer l'oiseau bleu
Threads a été mis en ligne rapidement, quatre mois seulement après que les premiers échos du projet ont filtré. Mais surtout quelques jours après de nouvelles péripéties chez Twitter, qui n'en finit plus de décevoir ses utilisateurs. Depuis son rachat par Elon Musk, les "tweetos" ont vu la certification des comptes transformée en offre payante, la quasi-totalité des équipes de modération des contenus a été licenciée et une limitation – officiellement à titre provisoire – du nombre de messages consultables quotidiennement pour chaque compte a été instaurée. Entre autres. Threads débarque donc au bon moment pour tirer profit d'une certaine désaffection vis-à-vis du réseau social à l'oiseau bleu. "Le timing est très bon pour Meta", relève d'ailleurs Jonathan Taplin, auteur de livres sur les géants de la tech, auprès de l'AFP. "Il y a des tas de gens qui ont une résistance presque religieuse à tout ce qui touche à Elon Musk."
Meta ne fait pas non plus mystère des synergies sur lesquelles il entend s'appuyer pour faire croître rapidement son nouveau-né. Sur l'Apple Store, Threads est présenté comme "l'application de conversations écrites d'Instagram". Or, avec ses plus de deux milliards d'utilisateurs actifs, Instagram offre à Threads une rampe de lancement dont n'auraient pu rêver de plus petits compétiteurs de Twitter, comme Mastodon ou Bluesky, ou ceux prisés par les ultra-conservateurs, comme Truth Social, Parler, Gettr ou Gab.
"L'équation est simple : si un utilisateur d'Instagram avec un nombre important d'abonnés – [Kim] Kardashian ou [Justin] Bieber ou [Lionel] Messi – se met à poster sur Threads régulièrement, cette nouvelle plateforme pourrait se développer rapidement et je pense que les budgets publicitaires suivraient dans un délai resserré", écrit l'analyste Brian Wieser sur la plateforme Substack.
Sur Threads, les nouveaux inscrits peuvent déjà retrouver de nombreux comptes d'acteurs institutionnels, comme Netflix ou Spotify. Mais également des sites d'information comme The Hollywood Reporter, le Washington Post, l'agence de presse Reuters et le journal The Economist. Ou encore des célébrités, comme les chanteuses Shakira et Jennifer Lopez, les acteurs Hugh Jackman et Jack Black ou encore la mannequin Karlie Kloss.
Le nouveau réseau social ne sera pas disponible tout de suite en Europe
Threads n'est pas encore accessible pour les habitants de l'Union européenne. Une décision de Meta manifestement liée à la réglementation européenne. Le patron d'Instagram, Adam Mosseri, a expliqué que si le géant américain avait dû attendre l'aval de Bruxelles, la mise en ligne aurait, elle aussi, dû attendre de nombreux mois. "J'étais inquiet de voir notre fenêtre se fermer, parce que le timing est important", a-t-il justifié auprès du site spécialisé Platformer.
Au sein de l'UE, un nouveau règlement des marchés numériques est entré en vigueur début mai. Or ce règlement vise à imposer des mesures spécifiques aux entreprises incontournables d'internet, notamment Meta, pour éviter des pratiques anti-concurrentielles. Le groupe cofondé par Mark Zuckerberg a déjà subi plusieurs revers ces derniers mois sur les terrains judiciaire et réglementaire de l'UE. La Cour de justice de l'UE a par exemple estimé que Meta avait porté atteinte aux intérêts et aux droits des utilisateurs de ses services en collectant, sans autorisation, des données personnelles à des fins de publicité ciblée.
Fin mai, la maison mère de Facebook s'est vu infliger par la Commission irlandaise pour la protection des données une amende record de 1,2 milliard d'euros pour avoir enfreint les règles européennes sur la protection des données (RGPD) via Facebook. Or, dans sa présentation sur les boutiques d'application aux Etats-Unis, Threads précise aux utilisateurs qu'elle collecte une grande variété de leurs données personnelles, notamment sur leur santé, leurs finances, leur historique de navigation, leur localisation, leurs achats, leurs contacts, leur historique de recherches et d'autres informations sensibles.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.