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Malaise au travail, dirigeants en crise : un rapport accablant sur la Hadopi

Une enquête interne réalisée par les représentants du personnel de la Hadopi révèle "une crise sociopolitique entre les directeurs et les agents".

Article rédigé par franceinfo
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Une personne consulte le mail d'avertissement de la Hadopi, adressé aux personnes ayant illégalement téléchargé du contenu sur Internet. (FLORENCE DURAND/SIPA)

La Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, ou Hadopi, est en pleine tourmente. C'est ce que révèle une enquête interne réalisée par les représentants de son personnel. Pris entre les divisions internes et la remise en question de l'institution créée fin 2009, les salariés dénoncent les conditions du travail au sein de la Haute autorité.

C'est le site d'actualité high-tech PC INpact qui dévoile, mardi 17 juillet, les conclusions de ce rapport. D'après leur source, "au-délà des débats sur le bien fondé ou non de la loi Hadopi, il y a une crise sociopolitique entre les directeurs et les agents".

Tâches répétitives, manque de reconnaissance, chantages

Les salariés sont nombreux à dénoncer les mauvaises conditions de travail à la Hadopi : la charge est trop excessive pour 45,5% d'entre eux, tandis que 6 employés sur 10 estiment qu'ils "ne disposent pas de temps nécessaire pour exécuter correctement leur travail". La moitié des agents considère également n'être pas assez payée. Conséquence : un grand nombre de salariés ne se sentent pas épanouis dans leur travail. Cinquante pour cent d'entre eux effectueraient des tâches "répétitives" et plus de 4 sur 10 estime qu'"au vu des efforts fournis, ils ne reçoivent pas tout le respect et l’estime mérités". Pire : 41% déclarent avoir subi récemment "des agressions verbales, menaces ou chantages", relate PC Inpact.

Un salarié qui témoigne dans l'enquête résume ainsi sa situation : "La charge de travail au sein de ma direction et de l’Hadopi en général est particulièrement harassante et caractérisée par beaucoup d’incohérences, car les différentes demandes de mon/ma directeur(trice) ne sont dictées que par l’urgence et la volonté de 'briller' auprès du secrétaire général." 

Devant ce rapport jugé "accablant" par les représentants du personnel, la direction de l'Hadopi, interrogée par PC INpact, répond qu'il s'agit de "résultats contrastés" et affirme que "les institutions représentatives du personnel nous élaborent actuellement des propositions avec les agents".

Une direction en crise

Le malaise toucherait d'ailleurs toutes les strates de l'institution, en proie à crise interne depuis le début du mois de juillet. Dans un article daté du 13 juillet, Le Monde.fr signalait des tensions importantes au sein même de la direction. "Les débats se sont tendus au sein de son collège, composé de neuf membres, dont plusieurs contestent ouvertement le principe, les méthodes et l'activité de l'instance de régulation", écrit le site.

"L'un veut l'arrêt de l'institution, un autre veut la place de la présidente"Marie-Françoise Marais, de plus en plus contestée, raconte Le Monde.

La Hadopi remise en question

La publication de cette enquête des représentants du personnel survient alors que la Hadopi est remise en question par le nouveau gouvernement. Dans une interview à Libération le 24 février, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, annonçait une "abrogation" en cas d'élection de François Hollande. Le nouvel exécutif juge la Hadopi "coûteuse, inefficace" et incapable de financer la création, ce qui était l'un de ses objectifs. 

Un avenir incertain qui joue, notamment, dans le malaise des salariés, explique un agent cité dans l'enquête : "Mon insatisfaction provient du manque de visibilité quant à l’avenir proche de l'Hadopi et les missions qui lui sont assignées, ce qui impacte mon travail au quotidien et ne me permet pas d’envisager mon poste à long terme."

Une mission sur la Hadopi, confiée à Pierre Lescure, ancien directeur de Canal Plus, a été lancée par le gouvernement. "Elle débouchera sur un nouveau cadre au premier semestre 2013", a annoncé le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le 3 juillet devant l'Assemblée.

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