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Pourquoi les drones sont-ils insaisissables ?

Plusieurs appareils ont une nouvelle fois survolé illégalement Paris, dans la soirée de mardi.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un drone filme l'entraînement du club de rugby ASM Clermont-Auvergne, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le 19 février 2015. (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Plusieurs drones ont été repérés au-dessus de Paris, mardi 3 mars dans la soirée, et aucun pilote n'a été pour l'instant identifié. Vol de nuit, altitude trop élevée, survol de zone urbaine : au moins trois des dix règles d'usage des drones de loisir ont été enfreintes. Les contrevenants risquent 75 000 euros d'amende et jusqu'à un an d'emprisonnement, mais ils sont, pour l'instant, insaisissables. Francetv info explique pourquoi il est si compliqué de mettre la main sur ces engins pilotés depuis le sol.

Parce que les radars ne peuvent pas toujours les repérer

Le dispositif mis en œuvre pour surveiller les drones est tenu secret. En novembre 2014, après le survol de plusieurs sites nucléaires par des appareils téléguidés, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale le rappelait, dans un communiqué : "Le respect de la confidentialité de ces mesures est une condition de leur efficacité." Toutefois, l'Etat-Major des armées avait reconnu avoir déployé un radar militaire ANGD, repéré par un responsable de Greenpeace, près de la centrale de Flamanville (Manche).

Les limites de ces radars, dont la portée peut atteindre une centaine de kilomètres, sont elles aussi bien cachées. Peuvent-ils repérer les petits drones ? A quelle altitude ? S'ils peuvent détecter des drones à moyenne altitude, les radars militaires sont nettement moins efficaces à très basse altitude. Dans la nuit de lundi à mardi, les appareils qui ont survolé Paris ont été vus à l'œil nu par des policiers, et pas repérés par des radars.

Parce que la police ne peut pas les abattre

Les forces de l'ordre tâtonnent. "Il faut le reconnaître, pour l'instant avec les drones, on n'est pas forcément au point sur nos moyens d'action", estime une source policière, citée par l'AFP, mardi. Difficile d'imaginer une course-poursuite et des coups de feu en plein Paris pour abattre un objet volant. Le risque de causer des dégradations ou de faire des victimes est trop grand.

Après les survols de centrales nucléaires, des pelotons spécialisés de la gendarmerie (PSPG) ont exceptionnellement obtenu le droit de tirer sur les drones au fusil à pompe pour les neutraliser, dans des conditions strictes, a révélé Le Parisien. Une mesure qui ne peut être envisagée en agglomération en l'absence de menace grave.

Parce que les drones ne sont pas immatriculés

La loi ne prévoit pas l'immatriculation des drones en France. Un engin repéré en vol à l'œil nu ne peut donc pas conduire immédiatement à son propriétaire. En cas de pilotage à vue, toutefois, les autorités pourraient suivre les drones et trouver, dans leur périmètre, l'opérateur qui tient la télécommande. Mais il est "probable que les drones qui ont survolé Paris cette nuit aient suivi des vols programmés par GPS, qui n'exigent pas un pilotage à vue", explique Jean-Michel Normand, journaliste au Monde et auteur du blog La Foire du drone, à francetv info.

Parce qu'il y a une tolérance pour les drones de loisir

Il n'existe pas, à proprement parler, de "permis drone". N'importe qui peut piloter un drone de loisir de moins de 25 kg. Seuls ceux à usage professionnel, qui dépassent ce poids, nécessitent un brevet théorique ULM et sont soumis à des autorisations spécifiques. Or, les engins repérés dans la nuit de lundi à mardi semblent appartenir à la première catégorie. Ils disposent d'une faible autonomie de vol et ne peuvent pas embarquer de matériel lourd, tout au plus une petite caméra de type GoPro.

Parce que les fabricants peinent à fixer des limites

Après le crash d'un drone dans le jardin de la Maison Blanche, le constructeur chinois DJI a proposé d'étendre à Washington et ses environs les "no drone zones". Il s'agit de "points GPS aux abords desquels le drone s'interdit automatiquement de décoller", explique Jean-Michel Normand sur son blog. Mais les utilisateurs peuvent "bidouiller" les engins et un mois après l'annonce, "DJI n'est toujours pas parvenu à mettre au point une mise à jour opérationnelle", tempère le blogueur.

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