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"On est totalement dépendant d'eux" : la décision d'Amazon de répercuter la taxe Gafa sur ses vendeurs en France va toucher les plus petits

Les vendeurs tiers sur la plateforme de ventes en ligne vont encore devoir réduire leur marge.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'application Amazon sur un téléphone. (MARTIN BUREAU / AFP)

Amazon a décidé de répercuter la future taxe dite "Gafa" sur ses vendeurs. Le géant américain de la vente en ligne l'a annoncé, dans la soirée du jeudi 1er août. Amazon France est furieuse contre cette taxe purement française. Dans son communiqué, elle prévient le gouvernement que ce dispositif va pénaliser les petites entreprises françaises qui vendent sur la plateforme, car elles subiront une ponction supplémentaire par rapport à leurs concurrentes étrangères.

Cette taxe sur le chiffre d'affaires des mastodontes du secteur des technologies doit entrer en vigueur au premier octobre. Elle représentera 3% de leur chiffre d'affaires. Amazon France prélèvera donc 3% de plus sur celui de ses vendeurs. Le géant américain facture déjà des frais de gestion qui peuvent atteindre 15% de la marge.

Réduction des marges

"Il est certain que lorsque l'on est une marque avec une grosse assise, l'impact de cette augmentation des frais se fera moins sentir que pour un vendeur tiers sur Amazon, qui a déjà des marges extrêmement faibles. Ce dernier va devoir, une fois de plus, rogner sur ses marges et tenter de survivre autant que faire se peut", rappelle Guillaume Rocheteau, du cabinet Krooga qui accompagne des vendeurs sur Amazon. "Après, il y a toujours des solutions pour générer du business sur Amazon", poursuit-il.

Amazon assure qu'elle n'a "pas d'autre choix", compte-tenu du caractère très concurrentiel de la vente en ligne. Le géant américain a pourtant de la marge. En France, un bien sur cinq vendu sur internet passe par Amazon, qui est deux fois plus gros que son premier concurrent, Cdiscount. Mais, Facebook, autre Gafa, a annoncé que lui paierait la taxe.

On est totalement dépendant des mesures qu'ils peuvent prendre à l'égard du réseau de PME qui travaillent pour eux.

Xavier Moni
président du Syndicat de la librairie française

à franceinfo

Xavier Moni a souvent croisé le fer avec le géant américain, dont le livre est le produit d'origine. Cette annonce n'étonne pas le président du Syndicat de la librairie française pour qui Amazon "est une plante carnivore". "Il y a des libraires qui sont allés sur Amazon pour vendre des livres en disant : il y a du flux. Le client est là, mais simplement une fois que l'on est chez eux, on est totalement dépendant d'eux", explique le libraire.

Il espère que l'attitude d'Amazon amènera une partie des clients à choisir d'autres modes de consommation : "Cela fait des années que je me dis qu'à un moment ou à un autre, il y aura un mouvement notamment côté consommateur en se disant : après tout avec notre carte bleue, on peut faire des arbitrages. Il me semble qu'il y a quand même un petit mouvement de consommation militante qui est en train d'émerger. On a beaucoup parlé d'inégalité fiscale au moment du mouvement des 'gilets jaunes' et je crois que ces multinationales-là sont l'exemple type d'entreprises qui ne veulent pas participer au commun."

Le gouvernement préfère ne pas commenter officiellement la décision d'Amazon, rappelant que la taxe Gafa vise à faire payer aux géants des technologies un juste impôt en France. Tout juste se contente-t-on de noter qu'Amazon risque d'être moins concurrentielle puisque plus chère. Mais, avec l'avance écrasante dont la multinationale dispose, elle s'estime suffisamment solide pour le supporter.

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