Goumiers : les Marocains libérateurs de la Corse

Les cérémonies anniversaire de l'avance des Allies lors de la Seconde Guerre mondiale. Hier nous vous parlions de la Corse, premier territoire de la métropole à échapper à l'Occupation. Au premier rang des forces de la France libre, il y avait l'armée d'Afrique, dont les soldats marocains, les goumiers. Aujourd'hui, ces survivants sont les invites d'honneur de la République. Ils n'etaientjamais revenus en Corse.

Enfin de retour. Sur le sable corse qu'ils ont foulé voilà 70 ans en libérateurs. Des engagés volontaires marocains venus de l'autre rivage de la Méditerranée. Ils ne sont plus qu'une poignée de survivants. C'était en octobre 1943. 6000 hommes envoyés par la France libre, faisaient leur jonction en Corse avec la résistance. Pourjeter à la mer l'occupant. L'armée allemande, retranchee dans le nord de l'île, les 14 000 SS de la reichsf hrer nazi qui occupaient l'île de beauté sont pris au piège. Pour partager ce pèlerinage, nous sommes allés chercher chez eux les derniers goumiers du Maroc. Venus de leurs montagnes du Moyen Atlas, ces 7 paysans berbères, âges de 89 à 105 ans, étaient réunis à Casablanca avec des jeunes.

On a 13 ans. Ça fait une grosse différence.

Ils sont nés au début du siècle et nous à la fin.

C'est tout le souci des organisateurs. Le ministère des anciens combattants français. Garantir la transmission de la mémoire de cette page d'histoire méconnue. A l'ouvrage, les élèves marocains ou français de ce lycée.

Il a beaucoup d'expérience. Il me racontait des anecdotes. Il disait qu'il y avait un froid très dur. Il changeait souvent de régiment.

A l'aéroport de Rabat, le ministre délégué de la défense, charge des anciens combattants, est venu chercher les goumiers avec l'avion personnel du président de la République. Tout un symbole.

C'est une belle fierté, une belle marque de reconnaissance. Moi qui suis méditerranéen, je sais ce que peut être l'apport du symbole.

Dépaysement garanti dans cet Airbus de standing pour ces soldats de base de notre ancienne armée coloniale. Certains n'avaient jamais pris l'avion. Comme cet homme qui n'en revient pas a l'atterrissage en Corse, d'être "descendu des etoiles". Au réveil, les souvenirs se bousculent. Cet homme de 93 ans plein d'energie, raconte comment il a neutralise baillonnette au canon, un orgueilleux soldat nazi avant d'être blessé dans la bataille du col de Teghime. C'est à cet endroit au dessus de Bastia, où tant de goumiers sont morts pour la France, que cet après-midi les vétérans marocains de cette épopée ont reçu les honneurs de la République. Là-bas, à Saint Florent, face à la mer d'où ils sont venus reposent depuis 70 ans en terre de France, leurs frères d'armes. Ces vaillants goumiers que l'on appelait des indigènes.

Ici sont enterrés 48 militaires morts pour la France, ici en Corse en 1943. 47 soldats marocains, des musulmans et un officier français chrétien qui les commandait. IL a souhaité être enterré aux côtés de ses hommes, sans aucun signe distinctif.