"Une année assez remarquable" en alertes aux orages
Après l'épisode orageux des derniers jours, francetv info a interrogé Jean Nicolau, prévisionniste à Météo France.
Vingt-cinq puis douze, quarante-deux puis quinze, puis aucun. Et maintenant trente départements. Depuis début juillet, Météo France multiplie les alertes orange aux orages. Plus qu'avant ? Francetv info a posé la question à Jean Nicolau, responsable du département prévisions générales de la station nationale.
Francetv info : Météo France émet-elle plus d'alertes orange ces dernières années ?
Jean Nicolau : Effectivement, 2013 est une année assez remarquable. En moyenne et tous événements confondus, Météo France émet une cinquantaine de vigilances orange par an. Quarante-huit exactement en 2012, cinquante-quatre en 2003 par exemple. Cette année en compte déjà quarante-quatre.
Concernant les orages, près de onze cas ont été recensés depuis le 16 juin, contre sept sur toute l'année 2012, neuf en 2011, cinq en 2010, mais, par exemple, quinze en 2007. Cette accumulation au mois de juillet s'explique car il a fait très chaud, contrairement à mai et juin. Or, les orages sont engendrés par ces fortes chaleurs.
Comment expliquer cette tendance à la hausse des alertes ?
Il est difficile d'associer cette recrudescence au réchauffement climatique ou une tendance plus large. Mais il est vrai que 2013 a été marquée par des saisons intenses ; un hiver avec beaucoup de neige, un printemps très pluvieux et maintenant un début d'été caniculaire, propice aux épisodes orageux.
Les critères ont-ils changé ?
Les différents seuils d'alerte (kilométrage des vents, quantité des précipitations) sont revus régulièrement avec nos partenaires institutionnels que sont la Sécurité civile, l'Institut de veille sanitaire ou encore la direction de la Santé. Mais concernant les orages, il n'y a pas de critères, c'est une décision du prévisionniste qui est ensuite discutée au niveau national avec les sept centres régionaux.
Il est très difficile de prévoir les orages, car il en existe plusieurs sortes. Certains, dont on peut suivre l'évolution, forment une bande plus ou moins large à travers le pays. D'autres sont des cellules orageuses plus localisées, beaucoup moins prévisibles, mais pas forcément moins violentes.
Certaines collectivités vous accusent d'en faire trop…
Ou pas assez ! Il est vrai que cela entraîne des annulations d'événements, des évacuations… Chacune de nos alertes fait l'objet d'une évaluation a posteriori, et le "taux de satisfaction" est de l'ordre de 80%. Mais c'est un choix cornélien entre le fait de baliser l'événement et prévenir les populations, tout en conservant un système efficace. Sinon, on pourrait mettre toute la France en vigilance orange tout l'été. Ce serait juste, mais ça ne voudrait plus rien dire.
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