Pourquoi l'UMP accuse le Front de gauche d'antisémitisme
La droite reproche à Jean-Luc Mélenchon d'entretenir des "relations sulfureuses" avec des personnalités "antisémites". Un candidat du Front de gauche aux législatives est, lui, directement mis en cause. Que cache cette offensive de l'UMP?
Durant l'entre-deux-tours des législatives, l'UMP a adopté la stratégie du "ni-ni". Le parti de droite refuse de se ranger du côté du Front national, tout comme il s'oppose à dresser un front républicain avec le PS face au FN, en cas de duel entre ces deux formations. L'UMP paraît cependant de plus en plus écartelée entre son rejet de l'idéologie d'extrême droite et sa volonté de ne pas s'aliéner l'électorat du Front national, ce que le PS ne manque pas de souligner.
Dans le même temps, des ténors de l'UMP ciblent Jean-Luc Mélenchon et son Front de gauche, les accusant d'entretenir un "antisémitisme de gauche". S'agit-il d'un contre-feu de l'UMP ? FTVi vous aide à y voir plus clair.
• Les "relations sulfureuses" de Mélenchon
C'est la dernière attaque en date. Mardi 12 juin, Alain Juppé a accusé Jean-Luc Mélenchon d'entretenir "des affinités sulfureuses avec des personnalités qui se disent antisémites", comme le compositeur grec Mikis Theodorakis. Mikis Theodorakis "affiche aujourd'hui sa foi antisémite" et "c'est un copain" du leader du Front de gauche, "voilà, cela ne gêne pas le PS", a déclaré le maire de Bordeaux sur France Inter. "Référez-vous aux déclarations de l'intéressé qui dit : 'je suis antisémite et antisioniste'", a insisté l'ancien ministre des Affaires étrangères. Des accusations immédiatement dénoncées par le Parti de gauche dans un communiqué.
La veille, sur France 2, Nathalie Kosciusko-Morizet avait reproché à Jean-Luc Mélenchon d'accueillir "sur son site internet des gens qui font profession d'antisémitisme". Sans citer de nom. Et l'ex-ministre UMP de s'interroger : "Est-ce que l'antisémitisme de gauche, c'est mieux que l'antisémitisme de droite ?"
• Un candidat aux législatives accusé d'antisémitisme
Le 31 mai, les sites Rue89 et StreetPress ont quant à eux fait des révélations embarrassantes sur René Balme, membre du Parti de gauche, maire de Grigny et candidat du Front de gauche dans la 11e circonscription du Rhône. L'homme est selon eux le fondateur et l’animateur depuis 2001 du site Oulala.net qui publie des chroniques antisémites, des textes homophobes ou encore des éloges de dictatures.
Face à la polémique, René Balme a publié un droit de réponse le jour même et a précisé mercredi 13 juin qu'il ne participait plus à ce site. Il fait cependant toujours campagne pour le Front de gauche. Le Parti de gauche affirme qu'il ignorait l'existence d'Oulala.net. Vendredi 8 juin, l'ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, François Delapierre, a promis une décision rapide au sujet d'un éventuel retrait de l'investiture de René Balme.
• Objectif : gêner le PS
Si l'UMP s'attaque au Front de gauche, il vise en fait le Parti socialiste. En effet, lorsque les ténors du PS accusent ceux de l'UMP de flirter avec le Front national, les leaders de la droite leur rétorquent qu'eux pactisent avec le Front de gauche. Front contre front : extrême droite contre extrême gauche.
"Le PS ferait bien de s'expliquer sur ses alliances avec l'extrême gauche" car le Front de gauche appartient "évidemment" à l'extrême gauche, a ainsi répliqué Alain Juppé, notant encore : "Quand on prône l'insurrection civique, la lutte des classes, piquer l'argent dans la poche des gens parce qu'ils sont riches..."
Ce qu'Alain Juppé ne dit pas, c'est qu'il n'existe pas d'accord électoral entre le PS et le Front de gauche. Même si, par exemple, Jean-Luc Mélenchon, écarté à l'issue du premier tour des législatives dans le Pas-de-Calais, a lancé un appel clair à voter pour le candidat socialiste.
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