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Ce que la Cour des comptes reproche à Sciences Po Paris

"Le Monde" révèle le contenu d'un rapport très critique sur la gestion de l'Institut d'études politiques de Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Le rapport de la Cour des comptes, dont le contenu est révélé par "Le Monde" le 8 octobre 2012, dénonce la gestion de l'école entre 2005 et 2011. (FRANCK FIFE / AFP)

FRANCE – Sciences Po Paris dépense trop et gaspille de l'argent public. C'est ce qui ressort du rapport de la Cour des comptes sur l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, dont Le Monde révèle les grandes lignes, lundi 8 octobre. Les magistrats de la rue Cambon se sont penchés sur la gestion de l'école entre 2005 et 2011, et fustigent le mandat de Richard Descoings, mort le 3 avril à New York.

Des primes démesurées et des paies élevées

La Cour dénonce tout d'abord les modalités de rémunération opaques des cadres de l'IEP et des enseignants célèbres. Des pratiques que Mediapart avait déjà pointé du doigt, en décembre 2011. Le Monde en rappelle les chiffres : entre 2005 et 2011, la rémunération annuelle brute de Richard Descoings, alors patron de l'IEP, a bondi de 60,4%, culminant à 537 246,75 euros en 2010.

D'autres cadres de l'école ont eux aussi bénéficié de rallonges sur leurs feuilles de paie. Le rapport de la Cour des comptes le déplore, mais fustige surtout le fait que ces primes n'ont pas forcément été actées via un contrat ou lors d'un conseil d'administration. 

Outre les primes, la paie des enseignants-chercheurs est elle aussi attaquée par le rapport. La Cour estime qu'ils effectuent 30% de leur service, mais sont payés à 100%. Le Monde note ainsi cette anecdote : un professeur de fac a doublé sa paie en 2011, en assurant seulement 60 heures annuelles de cours à l'IEP. 

Des étudiants trop chers

Les professeurs ne sont pas les seuls à être épinglés. La Cour regrette aussi le coût moyen des étudiants de Sciences Po, "supérieur de plus de 3 000 euros à celui d'un étudiant à l'université Paris-Dauphine". La facture est acquittée par le ministère pour un surcoût de 300 euros par étudiant, mais aussi par les familles à qui on demandait en moyenne, en 2010, 400 euros à Dauphine et un peu plus de 3 000 euros à Sciences Po, révèle Le Monde

Gestion hasardeuse et complaisance de l'Etat

De manière générale, la juridiction reproche à l'IEP de vivre au-dessus de ses moyens et de dépenser toujours plus, alors que son résultat d'exploitation a été négatif à plusieurs reprises ces dernières années (2005, 2006 et 2008). Elle dénonce aussi une gestion hasardeuse de l'établissement sous l'ère Descoings. Sciences Po a contracté pas moins de quatre prêts entre 2005 et 2011, dont un jugé "spéculatif et dangereux", révèle Le Monde

Mais sur ce sujet, la Cour épingle la complaisance de l'Etat, qui n'a exercé aucun contrôle sur la gestion d'une école dont il est pourtant le principal financeur. La subvention du ministère de l'Enseignement supérieur a même augmenté de 33,3% en cinq ans (63,3 millions d'euros en 2010).

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